Numérique / Territoires

Très haut débit : l'Autorité de la concurrence pointe avant de tirer Juillet 2010

C’est un rapport sans langue de bois qu’a livré l’Autorité de la concurrence, saisie par le gouvernement sur son projet de Programme national “très haut débit”.

L'Autorité commence à relever que d'autres approches étaient envisageables, citant par exemple l'AVICCA : "une question (qui) ne doit pas rester un tabou : le principal problème économique global du déploiement de la fibre est sa coexistence avec le réseau cuivre. Ceci renvoie à l’aspect intégré de l’opérateur historique, avec une infrastructure essentielle privatisée. Séparer l’infrastructure, à vocation publique, et les services, dans le champ concurrentiel, pourrait faire partie d’une réponse à la fois économique pour le Très haut débit, et redonnant du sens aux agents de France Télécom concernés."

L'analyse de la stratégie de France Télécom par l'Autorité est sans fioritures : "Finalement, la principale incitation de France Télécom à investir dans le FTTH en zone II paraît résider dans la menace de déploiements alternatifs sous l’impulsion des collectivités territoriales." (63) (...) "Compte tenu des interrogations sur l’intérêt pour l’opérateur historique à déployer la fibre, celui-ci pourrait en effet réaliser dans un délai rapproché la partie horizontale du réseau dans le centre des principales agglomérations de la zone II, mais ne procéder que marginalement ou lentement au raccordement des immeubles et à l’installation de la fibre dans les habitations des zones concernées, en dehors des quelques immeubles les plus rentables." (89).

Faut-il rappeler que France Télécom est l'entreprise championne des sanctions par l'Autorité de la concurrence ?

L'avis porte également sur la montée en débits, sur le co-investissement, et sur le risque qu'un opérateur qui serait très présent sur le marché de détail des communications électroniques fausse le marché des réseaux d'initiative publique. L'Autorité pointe explicitement le risque, et ne manquerait sans doute pas de tirer si elle n'était pas entendue.

En ce milieu d'été, à noter que l’Autorité vient également de se prononcer sur "le marché de la boule de pétanque de compétition". A la suite d’une analyse approfondie, il en résulte que les pratiques d’entente ne sont pas établies. Ouf, il est possible de partir sereinement en vacances !