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TNT : pschitt dans le PAF en attendant le big bang Septembre 2011

La prise de participation majoritaire de Canal+ dans Direct 8 et Direct Star enterre définitivement l'objectif de diversité affiché à l'ouverture de la TNT. Le nombre de chaînes hertzienne, multiplié par cinq, devait permettre l'arrivée de nouveaux entrants et accroître la diversité.

L'ouverture a fait pschitt ! Non seulement les programmes se ressemblent de plus en plus, tendance médiocrité, mais les acteurs d'hier qui n'ont fait que se renforcer. Là où ils détenaient une chaîne, ils en ont aujourd'hui 5, 6, ou même 9 pour Canal+ (qui devra rendre toutefois une ou deux fréquences).

Le bilan qu'a tiré le Président du CSA dans son rapport sur la TNT est navrant pour la création de fictions. Entre 2008 et 2010, la part des fictions américaines est passée de 41 à 46 % (loin devant la fiction française, réduite à 35% de l'offre globale). Les neuf nouvelles chaînes de la TNT représentent seulement 1,8% des investissements selon le CNC, et elles se contentent de rediffuser les fictions existantes. Résultat :"on constate une insuffisante diversité de leur programmation, ce qui pourrait amener à dire que la concurrence n’a pas encore vraiment bénéficié aux contenus".

Côté nouveaux entrants, si LCI passe en gratuit, BFM TV aura du mal à tenir longtemps face à Canal+ et TF1 dans une offre d'info en continu trop abondante. Et NRJ 12, qui doit faire de la musique avec son cahier des charges, et veut faire une mini-généraliste, se retrouve en face de groupe qui font circuler leurs programmes sur plusieurs chaînes sur ce format. Pour les deux derniers "indépendants" viendra peut-être le temps de se vendre...car sil Bolloré cède la direction de la chaîne, il empoche une confortable plus value. Les licences audiovisuelles sont gratuites, mais elles ont une valeur pour ceux qui les dégottent.

Canal+ bouleverse ses concurrents de la télévision gratuite sur la TNT, TF1, M6 et France Télévision, mais le véritable big bang, c'est bien le changement complet de la filière en place depuis des dizaines d'années : les "chaînes" reliaient les producteurs/détenteurs de droits audiovisuels ou sportifs d'un côté, et les spectateurs de l'autre. Une place politiquement préservée en France, qui a toujours privilégié l'hertzien au nom de la création audiovisuelle. Le régime d'attribution de licences était étroitement lié aux obligations de production et de diffusion.

Google ou Apple TV, téléviseurs connectés de Sony, Samsung ou Panasonic... L'irruption des acteurs mondiaux dans le PAF ne se fera pas sans changements majeurs sur toute la filière audiovisuelle. Les chaînes pourarient perdre des maillons...