Câble en Europe : concentration des acteurs, diversification des revenus Mai 2005
La même tendance est à l'œuvre à travers le continent, pour tous les opérateurs de communications électroniques. D'une part nous sommes dans un moment du cycle qui pousse vers les fusions/acquisitions ; d'autre part la convergence grignote les positions dominantes et entraîne chacun à diversifier son offre. Les telcos classiques vont vers la télévision, les câblos vers le téléphone, le tout en IP, parallèlement aux offres haut débit pour internet. Les opérateurs de câble réfléchissent aussi au sans fil, en particulier au WiMax.
Big is profitable
Le rapprochement des deux opérateurs de câble anglais, NTL et Telewest, évoqué depuis longtemps, se précise. Pour accélérer son désendettement, condition préalable à la fusion, NTL se sépare de ses activités en Irlande au profit de Morgan Stanley, qui en fait porte le dossier pour United GlobalCom (Liberty Media International).
En Allemagne, Iesy (1,2 millions d'abonnés) a acquis Ish (4 millions), rapprochement encore sous l'œil sévère du régulateur qui veut éviter une position dominante dans l'audiovisuel, tout en cherchant à ce que le câble puisse faire véritablement concurrence à Deutsch Telekom sur l'accès à internet.
En Belgique, les 11 télédistributeurs wallons ont décidé de proposer ensemble des services de téléphonie vocale et d'étudier plusieurs scénarios, dont celui de la fusion. Ils réagissent à l'offensive de Belgacom qui se lance dans la télévision sur adsl, notamment en prenant les droits du foot. Les câblos francophones suivraient ainsi les flamands qui se sont regroupés dans Telenet (faire ensuite fusionner wallons et flamands sera sans doute plus difficile...).
Téléphone maison
Pour augmenter son attractivité, le câble doit permettre de se passer de l'abonnement au réseau téléphonique classique. Mais il doit d'abord se numériser, ce qui érode les marges que certains grands réseaux dégageaient.
Le suisse Cablecom met en avant le succès de son offre de téléphonie sur IP lancée l'année dernière, avec 120.000 abonnés fin 2004 ; un tiers des nouveaux abonnés ne viennent que pour le téléphone. UGC, qui devrait bientôt s'appeler Liberty Global, a annoncé un plan de 300 millions d'euros sur son premier marché, la Hollande, pour numériser tous ses abonnés. L'extinction de l'analogique lui permettra de dégager beaucoup de bande passante pour internet, la voix sur IP et la VOD (vidéo à la demande). Viendraient ensuite l'Autriche et la Suède, ses troisième et cinquième implantations. Quant à la deuxième, la France, la numérisation est entamée dans sa filiale UPC, et elle était déjà forte chez Noos. Le lancement de la téléphonie a démarré en Ile de France, mais de gros réseaux en région, comme Clermont-Ferrand, n'ont même pas internet. L'autre opérateur en France, Ypso, doit unifier rapidement les réseaux de FTC et NC Numericable, et en moderniser certains en poussant la fibre plus loin, pour développer lui aussi du ''triple play''.
Vers le ''quadruple play''
Reste un marché considérable, celui de la mobilité, ou au moins des applications nomades. Le patron d'UGC, Mike Fries, estime que l'industrie du câble doit fournir à ses abonnés des solutions sans fil, que ce soit à travers des réseaux propres ou par des accords avec d'autres opérateurs. Le WiFi, mais surtout le WiMax apparaissent comme des solutions intéressantes, d'autant que l'opérateur possède déjà un réseau qui peut collecter le trafic. Si la qualité serait moins bonne qu'en UMTS, les prix seraient nettement moins élevés pour la téléphonie, sur IP. UPC avait mené une candidature en France sur la BLR, qui avait débouché sur un fiasco. Mais c'était avant la normalisation et ses perspectives de baisse de coûts d'équipements d'abonnés.