Numérique / Territoires

Après les annonces en hausse, les constructions en baisse Juin 2011

Au premier trimestre 2011, les opérateurs annonçaient au gouvernement qu'ils allaient multiplier par dix le nombre de communes couvertes en très haut débit. Dans le même temps, ils construisaient 60 000 prises raccordables en paliers d'immeubles, contre 108 000 le trimestre précédent !

Les abonnements ne décollent pas sur la même période, avec 20 000 recrutements en FTTH, et 35 000 en FTTLA. De quoi alimenter les titres de la presse sur l'échec du THD plutôt que les arguments des responsables réseaux des opérateurs qui vont plaider auprès de leur direction financière ! Il n'est pas étonnant que cela impacte la construction des prises.

La mutualisation, obligatoire depuis la décision de l'ARCEP de décembre 2009, progresse, mais tarde à rentrer dans les faits : plus des 3/4 du parc installé ne permet encore l'accès qu'à un seul opérateur. Les règlements de différends entre les opérateurs se multiplient : sur les tarifs, sur les conditions opérationnelles (raccordement de l'usager final par l'opérateur commercial ou par l'opérateur d'immeuble). A chaque fois, l'ARCEP doit trancher, ce qui clarifie les règles. Mais si des recours devaient être formulés ensuite contre ses décisions, c'est l'édifice de la "régulation symétrique" qui serait ébranlé.

Free a annoncé un objectif modeste et ambitieux de parc d'abonnés FTTH en fin d'année : 100 000. Ambitieux, car il suppose de résoudre nombre de problèmes opérationnels actuels, mais modeste par rapport aux sommes engagées...

A l'occasion de son "roadshow" devant les financiers, France Télécom a confirmé son investissement dans la fibre du plan "conquête 2015". Dans sa présentation financière, le FTTH apparaît un peu hors norme, comme le souligne la mise entre parenthèse :

  • pour la période 2011-2013 "le Groupe anticipe des investissements cumulés de l’ordre de 18,5 milliards d’euros, incluant 1 milliard d’euros sur le programme fibre en France, soit un taux moyen d’investissements sur chiffre d’affaires de 12,6% sur la période (hors FTTH en France)"
  • pour la période 2014-2015 "retour à un niveau plus normatif de 10% sur la période, soit 9,8 milliards d’euros (hors FTTH en France, +1% soit 11,0% représentant un total de 10,8 milliards d’euros)"

Pour justifier des investissements massifs sur le FTTH français, France Télécom devra prouver une augmentation substantielle de ses revenus par rapport à la boucle locale cuivre, par une amélioration de ses parts de marché et/ou de son ARPU. Ce n'est pas encore fait !

Sans surprise, rien n'a été présenté non plus aux investisseurs sur la période 2015-2020, qui devrait pourtant concentrer l'essentiel des fonds annoncés par l'opérateur historique, à l'occasion de l'Appel à Manifestation d'Intention d'Investissements du gouvernement. En effet, l'équation est encore plus difficile. Il faudra trouver environ 4 milliards d'euros pour 5 millions de logements, alors qu'il n'en fallait que 2 milliards pour les 10 premiers millions, dans les zones les plus denses... Ou investir ailleurs dans des secteurs plus conformes aux attentes des marchés financiers.