Numérique / Territoires

2012 - La malédiction de la fibre optique Avril 2012

Paris est le terrain de jeu idéal pour la concurrence par les infrastructures. Une des villes les plus denses du monde, des égouts visitables, un réseau câblé qui pousse l'opérateur historique à déployer le très haut débit. Cinq ans après les premières annonces de déploiement du FTTH, on ne peut donc qu'être à un cheveu (de verre) d'une couverture à 100%. D'autant que les opérateurs sont pressés d'aller enfin s'occuper de la zone moins dense pour y remplir leurs "engagements".

Cependant, il semble qu'une malédiction s'abatte sur une petite association travaillant dans l'aménagement numérique, sise au 11 rue La Fayette, dans le 9e arrondissement, l'A ***. La copropriété avait bien signé une convention avec Illiad/Free, mais plus de dix huit mois après, rien n'a été construit, il faudra donc qu'un autre opérateur vienne construire la partie mutualisée. Rien d'alarmant, si ce n'est que le sort semble s'acharner également sur les 4 salariés de l'association qui habitent la capitale, ce qu'ils ont pu constater en comparant leurs situations. Depuis, une sourde angoisse s'est abattue sur les bureaux.

Mr S*** habite un immeuble de 50 logements, au 44 de la rue de T***, dans le 19e, propriété d'un grand bailleur social, qui possède également le 46. Le 46 est fibré, et pas le 44. Coïncidence ? Malveillance ? Malchance ? difficile de croire à un simple hasard.

Mme R*** a emménagé en 2009 dans le 19ème dans son nouvel appartement situé dans l'une des rues qui traverse plusieurs arrondissements. Quelques mois auparavant, le syndic de l'immeuble avait signé une convention de fibrage. Youpi ! En 2010, la colonne montante de fibre est enfin installée ! Las, en 2011, la fibre est toujours là, en 2012, elle commence a devenir poussiéreuse, toujours là mais toujours pas activée. Il parait qu'il s'agirait d'un problème d'"épaisseur de mur" qui empêcherait le passage de la fibre entre la rue et l'immeuble. On se demande comment font les souris...

Mr V*** est logé dans un immeuble de 20 logements rue D*** dans le 2e. Il est président de son conseil syndical. Le syndic n'a jamais reçu de proposition de fibrage. Pis : comme la peinture de la cage d'escalier doit être faite en mai, il a pris contact avec les opérateurs. Chaque matin il scrute sa boite aux lettres en attente de la réponse pour inscrire le sujet à l'ordre du jour de l'Assemblée générale. Le courrier a-t-il été volé ? La Poste l'a-t-il égaré ? Il est impensable qu'aucun opérateur ne se précipite. A moins qu'il ne faille pas chercher une explication non rationnelle ?

Mr J***, pensait avoir plus de chance : son opérateur lui propose de passer au très haut débit en mars 2012. Rendez-vous pris, le technicien vient sur place, lui demande la clef de la cave pour accéder au boitier de raccordement. Catastrophe ! Il n'y a pas de boitier au sous-sol ! Déterminé à rompre le maléfice et n'écoutant que son courage, Mr J*** décide de l'aider. Ils cherchent ensemble et finissent par trouver : le boitier est dans la cave de l'immeuble voisin. Dont il n'a pas la clef. Que faire ? Abandonner ? Reprendre un rendez-vous ? C'est bien mal le connaître. En fouillant près de la porte, il trouve une clef dans une boite. Tremblant d'excitation, ils essayent. C'est la bonne ! Et là, au détour d'un couloir, ils trouvent enfin leur boitier ! Le technicien va-t-il pouvoir faire le jarretièrage ? Les bouchons des fibres en attente ont tous été enlevés, sûrement par un sous-traitant de l'un ou l'autre des opérateurs qui sont venus avant, comment savoir ? N'y aura-t-il pas un problème de poussière ? D'identification des câbles ? Il est maintenant tellement tard dans la matinée que Mr J*** ne peut attendre, il doit se rendre à son travail à l'A***. Quelques heures plus tard, son téléphone sonne. C'est pour lui apprendre que tout s'est bien déroulé. Il soupire, soulagé. Mais il demeure en alerte. Jusqu'à ce que le cap du 1er avril soit passé.