TRIP d'automne 2020 : le mode STOC s'est invité à presque toutes les interventions ! Janvier 2021
Bien que la dernière table ronde de notre colloque d'Automne lui ait été presqu'entièrement dédiée, le mode STOC s'est invité toute la matinée du TRIP. Les participants ont d'ailleurs tous retenu les mots du Ministre Cédric O, particulièrement inquiet d'une situation qui "pourrait gâcher ce que nous avons eu tant de mal à financer et à construire", évoquant ainsi le succès du Plan France Très Haut Débit de plus en plus occulté par les conséquences désastreuses du mode STOC, en écho aux propos introductifs du Président de l'Avicca Patrick Chaize : "Il n’est jamais loin du capitole à la roche tarpéienne".
La question posée aux intervenants était ainsi clairement posée : évitons d'éteindre la fibre avant le cuivre. Difficile ici de résumer les riches échanges entre les intervenants d'une part, et ceux avec les participants d'autre part. Plus que jamais, la lecture des 40 pages du verbatim est indispensable pour bien comprendre les propos de chacun. Néanmoins, voici quelques propos qui ont marqué les participants.
Richard Toper, Président du CREDO, était venu présenter les premières fiches "Pérennité des réseaux optiques" destinées à un secteur où c'est actuellement plutôt le "far-west" qui prédomine. Il a également rappelé que le mode STOC était bien une spécificité franco-française, que l'on ne rencontre nulle part ailleurs en Europe.
Brice Messier, Directeur des réseaux de Covage, considère que les principales problématiques de déploiement sont désormais derrière nous et que les difficultés concernent maintenant l'exploitation et les raccordements, donc le mode STOC, avec 100% des armoires de rue (points de mutualisation ou PM) présentant des "défauts", de la "simple" pollution par des déchets à l'ouverture des portes à la disqueuse. Faisant référence au réseau cuivre qui "fonctionne bien", Brice Messier rappelait "qu’on n’a jamais vu un autre opérateur qu’Orange intervenir sur un sous-répartiteur d’Orange et c’est un point clé". D'où l'idée d'un mode intermédiaire, le mode "STOIC", où seul l'OI interviendrait au PM et l'OCEN au PBO, limitant ainsi les dégradations des armoires de rue.
Sans contester les désordres causés par le mode STOC, Cyril Luneau, Directeur des relations avec les collectivités locales d'Orange, s'est voulu résolument optimiste, listant les évolutions entamées ou attendues, ainsi que les signatures - toujours attendues - des nouveaux contrats STOC avec les OI. L'opérateur historique, un peu seul pour défendre le mode STOC suite au désistement de SFR quelques jours avant la tenue du TRIP, a eu fort à faire pour répondre aux nombreuses questions des intervenants et des participants.
Et c'est Denis Leroux, Président du Syndicat mixte Doubs THD (SMIX Doubs THD) et Trésorier de l'Avicca, qui s'est fait le porte-parole de l'exaspération de l'ensemble des collectivités, en appelant à un "STOC exit". Et pour cause : 73% des raccordements nécessitent une reprise, et 75% des échecs raccordements sont inventés. Ce qui n'est pas inventé en revanche, selon le Président du SMIX, ce sont les plaintes grandissantes de la population ; même une télé-opératrice d'un OCEN avouerait "en avoir marre du tombereau de plaintes clients" et en arrive à "regretter le temps où elle vendait de l'ADSL"...
Benoît Loutrel, Chargé de mission Sécurisation des déploiements et des conditions d'exploitation des réseaux FttH, s'est dans un premier temps attaché à présenter sa mission, laquelle pourrait être résumée ainsi : sécuriser la réussite du Plan France THD ! Cette réussite devant s'inscrire dans la durée, il importe de veiller au bon achèvement de la desserte à 100% du territoire, à définir comment la commercialisation et l'exploitation non seulement n'entrave pas la résilience des réseaux FttH, mais au contraire la renforce, et voir aussi quel pourrait être le rôle futur de l'Etat dans cette équation où, désormais, coexisteront "plusieurs opérateurs historiques".
Gilles Gumbs, Directeur des systèmes d’information de la Collectivité d'Outremer Saint-Martin, et Matias Kalfon, Expert infrastructures numériques à la Banque des Territoires (Groupe CDC), ont permis aux intervenants et aux participants de relativiser leurs débats en rappelant qu'il existe pire que le mode STOC : les cyclones ! Le cyclone Irma n'ayant laissé en 2017 d'opérationnels que les seuls réseaux souterrains, il était devenu évident qu'à Saint-Martin désormais, la résilience des réseaux fixes passerait par l'enfouissement total de ceux-ci. Saint Martin étant en zone d'initiative privée, la collectivité ultramarine a fait le choix d'un montage pour le moment unique : un opérateur de fourreaux, au travers de la société Tintamarre, société de droit privé dont Saint-Martin possède 40% des parts, à égalité avec la Banque des Territoires (Dauphin Telecom Infrastructures possédant les 20% restants).
S'agissant enfin des échanges avec les participants, ceux-ci, particulièrement nombreux et prolongés bien après la fin officielle du TRIP d'automne 2020, sont également accessibles dans le verbatim du colloque. Bonne lecture !