Très haut débit : Numericable multiplie les opérateurs virtuels Décembre 2009
En signant des accords avec Bouygues Telecom et avec Auchan, Numericable donne une nouvelle impulsion à l'utilisation de son réseau par d'autres opérateurs. Ces nouvelles sont à relier avec l'accord conclu en novembre entre actionnaires et banques de l'opérateur du câble, qui va permettre de poursuivre la modernisation du réseau vers le très haut débit : seule une commercialisation nettement plus dynamique permettra un retour sur les investissements de mise à niveau. Cet ensemble permettra d'aller plus loin que les 3,3 millions de prises THD que Numericable aligne aujourd'hui, un peu plus d'un tiers de son parc.
L'ouverture au très haut débit ainsi réalisée est très différente de celle en cours sur le FTTH. D'un côté, la barrière à l'entrée est beaucoup plus basse, puisque les fournisseurs d'accès à internet très haut débit n'ont pas besoin d'investir dans un nouveau réseau. De l'autre, la technologie utilisée rend obligatoire de passer par l'ensemble de la chaîne technique de Numericable, des têtes de réseau au coaxial dans l'immeuble, en passant par la fibre. La différenciation des opérateurs sur le câble peut se faire par la box, le SAV où la manière d'agréger les services. C'est bien suffisant pour les nouveaux entrants qui peuvent jouer sur leurs marques, ou sur des synergies (avec la téléphonie mobile pour Bouygues Télécom, avec la vente de matériels pour Darty etc). Mais pour le moment, aucun des trois grands FAI, qui détiennent près de 95% des 20 000 000 d'abonnés au haut débit, ne semble prêt à franchir le pas.
Les opérateurs virtuels du très haut débit ont-ils plus de chance de réussir que les opérateurs virtuels de la téléphonie mobile ? Quatre ans après l'apparition de leurs premières offres, les parts de marché des MVNO n'ont jamais dépassé les 6 % en France (au plus haut, 5,54% en septembre 2009). Ce chiffre n'est pas une fatalité. Les opérateurs virtuels du très haut débit ont une chance supplémentaire de se démarquer de l'adsl, avec le très haut débit et la haute définition pour la tv, mais il faudra aussi le faire sur les prix. Surtout, Bouygues Telecom avec ses 10 000 000 d'abonnés au mobile, et sa stratégie de convergence, peut peser lourd dans la balance, à condition que Numericable rénove la quasi totalité de son réseau, ce qui permettrait d'atteindre un tiers des foyers français.
Pour réussir, il faudra aussi que la qualité technique de la chaîne d'exploitation, du raccordement jusqu'à l'interfaçage des call-centers pour le SAV, en passant par le dépannage et la maintenance, soit au rendez-vous, afin que les nouveaux opérateurs ne soient pas plombés comme Numericable l'a été.
Un pari réussi sur les opérateurs virtuels et sur les abonnés en propre de Numericable aurait des conséquences positives pour le déploiement du FTTH, en incitant les trois grands FAI à aller plus vite dans les villes câblées. Les collectivités qui déploient du FTTH pourraient aussi avoir de nouveaux clients, et être moins soumis à l'oligopole du haut débit pour les conditions de basculement sur la fibre. Un mouvement important pourrait aussi pousser France Télécom à la même stratégie de "monter en débits sur cuivre" que le câble, en raccourcissant la boucle locale (fibrage des sous-répartiteurs) ou en passant au VDSL.
Une autre réaction possible des grands FAI serait de baisser les prix, sur une offre un peu dégradée en ADSL, comme Iliad vient de le faire via Alice et une offre à 20 euros par mois, pour contenir les transferts. Numericable lance son offre low-cost, Bouygues Télécom lancera son offre de convergence fixe THD/mobile mi-2010. Tout le monde va donc surveiller de près les chiffres des prochains trimestres. On verra alors si le câble et les opérateurs virtuels font bouger le marché réel.