Très haut débit : de bons chiffres, et de moins bons Décembre 2013
Les chiffres annoncés la semaine dernière ont soufflé le chaud et le froid quant à la transition vers le Très haut débit.
Côté positif, une forte mobilisation des collectivités, avec près d’un territoire sur deux qui a déjà établi un projet pour mobiliser ses fonds et ceux de l’Etat, et de nombreux marchés publics pour lancer les travaux pour plusieurs régions et départements. Les témoignages d’élus porteurs de ces projets ont également montré la très large adhésion politique à ces projets (adhésion des intercommunalités aux syndicats mixtes, votes fréquents à l’unanimité…). Le montage d’un projet public reste toutefois un parcours du combattant, notamment parce que les zones les plus faciles à fibrer sont réservées au privé, et que les procédures publiques sont longues (schéma directeur d’aménagement numérique, montage local et financement, instruction du dossier d’aides, marchés publics). Un délai de quatre ou cinq ans entre les décisions initiales et les réalisations significatives est la norme.
Autre signe positif, la très forte augmentation du nombre de professionnels qui passent à la fibre grâce aux réseaux d’initiative publique (+ 29% en un an pour les entreprises, + 68% pour les services publics). Le taux d’adoption de la fibre est deux fois et demi plus important avec un RIP que si l’opérateur historique est le seul présent avec son réseau. Il ne faut donc mettre aucune entrave au développement des RIP.
Côté négatif, la trop faible augmentation du rythme de déploiement FTTH. Avec 235 000 prises au troisième trimestre 2013, le rythme annuel est de 782 000 prises. Loin du million espéré par l’ARCEP en juillet dernier. Plus loin encore des 2,5 millions nécessaires pour tenir les objectifs du plan France THD. Et très loin d’un budget suffisant : les opérateurs ont commencé par fibrer les grands immeubles des zones denses, et le reste du pays demande des investissement plus importants pour fibrer des lignes plus longues, soit un quintuplement des budgets.
Le 27 novembre, à l’occasion du colloque de l’AVICCA, Orange a ainsi annoncé 300 M€ pour 2014, comme en 2013, alors qu’une augmentation était prévue pour atteindre l’enveloppe de 2 milliards sur la période 2010-2015. Les autres opérateurs n’ont pas donné de précision chiffrée.
Au total, compte tenu du contexte économique, il n’y a aucune raison d’être pessimiste et le Très haut débit avance. Mais sans une inflexion forte et une croissance rapide des investissements privés, il faudra bientôt inverser la logique qui consiste à leur laisser la priorité, si l’on veut que la France soit à la hauteur des défis du numérique mondial pour ses infrastructures. Ceci est particulièrement important pour nos entreprises et nos services publics.
Paris, le 2 décembre 2013
Yves ROME
Président de l’AVICCA
Grands projets d'initiative publique
Carte des 47 départements concernés par un déploiement régional ou départemental.
Travaux liés aux initiatives publiques
- Marchés attribués : Auvergne PPP ( phase 1 coût brut 375 M€), Manche (18 M€ travaux en cours), Eure-et-Loir (premier bon de commande16 M€), Cher (phase pilote FTTH 5 M€), PACA (12M€ phase MED), Vendée (MED), Seine-et-Marne (avenant DSP 7 000 prises FTTH), Oise (135 000 prises FTTH en 4 ans)
- Marchés lancés : Loiret DSP (140 M€), Bretagne (100 M€), Doubs (7 M€/an), Loire/SIEL (40 M€ collecte, 180 desserte, 65 raccordements), Mayenne, Somme (env 70 M€), Haute-Savoie/Syane, Seine-et-Marne (270 000 prises FTTH…), Manche, PACA (50 000 prises FTTH), Corse (18,5 M€ phase MED)…
Rythme des déploiements FTTH
Un rythme annuel de 782 000 nouvelles prises raccordables FTTH (source ARCEP)
Il faudrait tripler le rythme actuel pour tenir les objectifs du plan France THD (soit 2 500 000 prises/an pour 80% de FTTH en 2022)
Il faudrait quintupler les investissements pour tenir les objectifs du plan France THD en construisant des lignes plus longues (indicateur industriel du Sycabel)
Localisation des déploiements FTTH
Les déploiements actuels concernent essentiellement les zones très denses, et aucune donnée n'est publiée sur la couverture des zones AMII par les opérateurs privés. Les 3/4 des prises construites concernent les immeubles de plus de douze logements des zones très denses, qui bénéficient déjà du THD par le câble.