Télévision numérique "terrestre" par satellite et zones blanches Avril 2006
La TNT n'ayant vocation à couvrir qu'une partie du territoire, le satellite est le moyen le moins coûteux d'étendre la diffusion des chaînes dans les zones peu denses, généralement non câblées et mal desservies en débit adsl. Les chaînes gratuites, en particulier celles du service public, pourraient ainsi être accessibles avec des paraboles d'ici la fin 2006.
Cette solution permettra qu'il n'y ait pratiquement pas de zones blanches pour les chaînes nationales de la TNT ; le coût d'une parabole et d'un décodeur satellite sont en effet très accessibles en habitat individuel.
Il y a cependant deux limites : le satellite aggrave le problème de diffusion des télévisions locales, et il n'est pas idéal pour les immeubles collectifs, même s'ils sont surtout en zones denses.
L'arrivée de dix-huit chaînes françaises gratuites sur le satellite va entraîner un équipement en habitat pavillonnaire, prioritairement dans les zones non couvertes aujourd'hui par la TNT (même s'il est prévu qu'elles le soient un jour). Dans les zones couvertes, certains spectateurs feront aussi le choix du satellite, qui offre un accès à plus de chaînes que la TNT (chaînes étrangères par exemple). Autant de spectateurs perdus pour une télévision locale, qui ne pourra s'offrir un répéteur satellite.
Les 24 éditions régionales de France 3 devraient se retrouver tôt ou tard sur le satellite, même si rien n'est acté à ce jour. Par contre ses décrochages locaux ne devraient pas, économiquement, y avoir accès.
Dans les zones non couvertes par la TNT, il y a souvent des problèmes de réception satellitaire : la multiplication des paraboles sur les balcons n'est pas souhaitable, l'orientation de certains appartements ne permet pas la réception etc. Il faut alors envisager une réception collective, processus coûteux et long. D'où l'idée (portée notamment par les industriels de la diffusion !) d'aller au delà des 115 émetteurs prévus, pour que les villes de plus de 5000 ou 10000 habitants soient couvertes. Mais qui va payer ? Les chaînes ? Les collectivités ? En complément, le CSA souhaite que la loi crée un "service antenne" par satellite dans les zones où la diffusion hertzienne serait impossible ou d'un coût excessif.
D'ici là d'autres questions sont à résoudre pour aboutir à la diffusion satellitaire :
- le choix de la norme. Les terminaux MPEG 2 sont moins cher au début, mais le coût du satellite est plus cher qu'en MPEG4. Le prix des terminaux en MPEG4 devrait baisser et s'ouvrir vers la haute définition
- les droits audiovisuels. Il faut trouver le moyen de limiter la réception au territoire français afin de ne pas avoir à négocier des droits de diffusion importants pour un objectif marginal. On pourrait avoir une télévision gratuite mais cryptée, pour tenter de limiter la distribution des coffrets au territoires français...
Sans attendre, Direct 8 vient de signer un accord avec Eutelsat pour élargir sa diffusion grâce à deux satellites, y compris en visant au-delà du territoire français (Europe, Moyen Orient et Afrique du Nord). Une position spécifique, qui vient notamment du fait que Direct 8 produit ses programmes.
Eutelsat revendique 1,6 millions de foyers français équipés pour recevoir les chaînes nationales en analogique sur le satellite Atlantic Bird 3 et 1,5 millions pour recevoir les 350 chaînes gratuites en numérique sur Hot Bird.
Eutelsat diffuse également le bouquet TPS à 1,3 millions de foyers, et SES Astra le bouquet de CanalSat à 3,2 millions. La double diffusion devrait perdurer après la fusion des bouquets, même si CanalSat privilégie Astra, avec qui elle vient de signer un accord pour la haute définition.