Rentrée numérique 2016 dans les collèges : un rendez-vous difficile à tenir partout Mai 2015
Le Président de la République a annoncé le 7 mai un dispositif concernant le numérique dans les collèges. Il vise une forte utilisation du numérique pour la rentrée 2016 en classe de 5ème :
- un appel d’offres sur les contenus en numérique, lancé en septembre 2015, pour le français, les sciences, les mathématiques, l’histoire-géographie et les langues étrangères ;
- un dispositif exceptionnel de formation des enseignants et des personnels sur les trois prochaines années, 2016, 2017, 2018 ;
- une aide de l’Etat aux collectivités pour l’équipement individuel des élèves. Celui-ci répondra à un cahier des charges qui permettra aussi bien l’équipement en tablettes qu’en ordinateurs. Cette aide nationale est basée sur une subvention de 50% du montant dépensé par la collectivité, et perdurera 3 ans. Etant supposé que les élèves qui passent en 4ème gardent leur équipement, cela signifie que les élèves de 5ème, 4ème et 3ème seront équipés en 2018. Cette aide ne porte pas sur l’équipement du collège lui-même (WiFi, câblage, adduction en très haut débit).
Dès la rentrée 2015, une extension du programme d’équipement « COCON » (collèges connectés) portera sur 209 collèges supplémentaires et sur 337 écoles situées dans leur périmètre.
Les expériences passées ont connu des bilans pour le moins contrastés, du fait d’une mauvaise synchronisation entre la disponibilité des contenus, la formation des enseignants, la dimension matérielle (équipements, maintenance et connexion internet), le tout sans grand suivi. Cependant l’Education nationale se structure peu à peu (création d’une Direction du numérique au Ministère, conseillers TICE dans les rectorats etc). On peut regretter que le flou soit encore de mise pour le premier degré et le lycée, mais la focalisation claire sur un niveau (5ème en collège) et une année (2016) a le mérite de sortir des expérimentations à répétition et de centrer les énergies des différents partenaires.
Les acteurs de l’éducation nationale sont nombreux à souligner que l'autonomie des établissements est un point positif. Autrement dit et cela a été rappelé lors de la restitution, c’est aux enseignants de définir leurs besoins et par ricochet aux établissements, et non à l’Etat d'imposer le même équipement à tous. D’autres acteurs soulignent que le revers de la médaille est que tout repose sur la volonté du chef d’établissement.
Les collectivités départementales sont cependant confrontées à plusieurs défis pour honorer ce rendez-vous :
- l'équipement interne des bâtiments. Câblage et installation du WiFi sont coûteux (plus de 100 000 euros par établissement) et doivent s'intégrer dans un programme de travaux pluri-annuels pour des raisons opérationnelles, tant pour les entreprises que pour les maitres d'ouvrage ;
- la connexion à internet. Le passage au très haut débit est indispensable pour assurer une fluidité de l'utilisation. Pour certains collèges éloignés des réseaux en fibre optique, le coût du raccordement peut être rédhibitoire ;
- l'équipement des élèves et sa maintenance. Le choix des équipements doit résulter d'un dialogue avec l'éducation nationale et les établissements, et il faut en assurer la maintenance (matérielle, logicielle, assurances...).
Les départements ne partent pas d'une feuille blanche, puisqu'ils sont nombreux à avoir des programmes réalisés ou en cours sur l'équipement des bâtiments et leur adduction. Les collèges non encore raccordés font systématiquement partie également des cibles prioritaires retenues par les collectivités dans le plan France THD, mais la réalisation des raccordements est étalée dans le temps. Ils sont beaucoup moins à avoir mis en place l'équipement des élèves, et avec des solutions diverses (chariots mobiles, ordinateurs, tablettes...).
L'objectif d'un équipement individuel de 100% des collégiens en 2018 semble difficilement atteignable. Une montée en charge semble nécessaire pour des raisons opérationnelles, mais aussi financières, compte tenu de l'état des ressources des départements et des investissements lourds qu'ils réalisent déjà pour généraliser le très haut débit.