Numérique / Territoires

Mutualiser pour accompagner le numérique à l'école ? Épisode 1/2 Juin 2021

En mars 2021, l'Avicca a réuni sur deux matinées les strutures de mutualisation qui interviennent sur le numérique dans les écoles. Adresser le premier degré n'est pas facile, c'est le rôle des structures de mutualisation : elles labourent et connaissent le terrain, ses besoins, ses particularités et lui apportent des réponses techniques et organisationnelles expertes tout en faisant du sur-mesure.

Vous trouverez ci-dessous les extraits qui nous ont semblé les plus pertinents et les plus significatifs de la première matinée. Vous pourrez parfois y lire des propos contradictoires, notamment sur la méthode : c’est normal, chacun construit son service au regard de son territoire et de l'histoire de celui-ci.

La transcription complète de cette matinée est téléchargeable en fin d'article.


Objectifs

  • L’essentiel d’une structure de mutualisation est que, de la commune de 200 habitants à celle de 30 000, tout le monde a les mêmes outils en termes d’ENT, d’outils pédagogiques, de formation, de déploiement et  d’avancement.
  • Pour la commune, même de taille importante, se faire accompagner d’un opérateur de mutualisation permet d’investir le champ des équipements et d’apporter de la cohérence en termes de formation et de stratégie du numérique et ainsi éviter le syndrome du millefeuilles. Cela permet de promouvoir la mutualisation entre les écoles et les structures d'accueil et de loisirs. Il faut chercher à déployer des lieux ressources mutualisés entre les différentes structures intervenantes  à l'école.
  • Un service de mutualisation met en place des tableaux de suivi du déploiement dans les communes. Ces tableaux permettent un suivi quotidien du choix des communes, des commandes, de la maintenance, mais aussi des plans de formation élaborés par l’Education nationale. Ils sont utilisés lors des différents comités (par exemple, comités de déploiement, comités de projet et comités de pilotage).


Partenaires

  • Il est primordial d’établir localement une véritable relation de confiance avec l’Éducation nationale, ainsi qu'avec les professeurs qui sont dédiés à ces sujets.    
  • « Actions de proximité = action de confiance ». Si les enseignants veulent faire du différencié, du Freinet, de l’inversé, du personnalisé, l’outil devra pouvoir faire... Ce sont eux qui décident, c’est un outil dans leur boîte à outils. Cette proximité qui permet la confiance ne se fait pas du jour au lendemain, mais c’est ce qui fonctionne le mieux sur le premier degré. Cela implique que les structures de mutualisation comme les nôtres ne peuvent pas faire l’économie de moyens humains mis à disposition pour aller sur le terrain.
  • Nous n’avons jamais conventionné officiellement, depuis plus de 30 ans que le service existe. Nous avons toujours travaillé dans une relation de confiance ; quand les uns ou les autres ont des idées ou des projets, nous essayons de les partager le plus tôt possible pour pouvoir les accompagner conjointement.
  • Nous avons signé des conventions triennales avec la DASDEN et Canopé (ex-CRDP) pour réunir l’ensemble des acteurs et que chacun soit légitime pour agir sur le terrain. Les marchés publics sont co-construits, les eRUN plus proches des écoles et des équipes enseignantes font une veille technologique, tant sur les matériels que sur les solutions. Cette co-construction rend les choses transparentes.
  • Le numérique ne concerne pas seulement les écoles mais aussi les structures parallèles qui travaillent en partenariat avec les écoles.
  • Le ministère n’est plus seulement le ministère de l’Éducation nationale puisqu’il a récupéré sous son autorité la jeunesse et notamment les accueils de loisirs. Il faut travailler conjointement sur le temps de l’enfant à l’école, sur les interactions avec le périscolaire, y compris s'agissant des formations au numérique. Un syndicat mixte souligne que les formations organisées par l’académie sont ouvertes aux agents communaux.
  • Auparavant, les collectivités étaient considérées comme des guichets, des fournisseurs de bâtiments et d’équipements. Aujourd’hui, les collectivités souhaitent renforcer leur rôle d’accompagnement : ce sont elles qui sont sur le terrain alors que le ministère ou l'académie n'y sont plus. Et ce sont elles qui sont proches des parents.
  • Au moment du premier confinement, la complémentarité historique des partenaires a été essentielle : pour déclencher rapidement l’extension de l’ENT aux écoles non couvertes, distribuer les codes d’accès aux parents, pour changer les proxy des matériels gérés par l’Éducation nationale et permettant de faire sortir les machines du domaine de l’école, etc., il fallait que les acteurs se connaissent déjà, qu'ils aient des habitudes de travail communes, une confiance réciproque, qu'ils sachent exactement qui sait faire, qui fait, qui joindre.


Formations

  • Au mois de mars, les comités de déploiement dans chaque commune font un bilan de l’année passée : quelles solutions numériques sont arrivées dans les établissements ? Quelles formations ont eu lieu pour accompagner leur arrivée ? Puis une projection sur l’année scolaire suivante établit les solutions numériques qui vont être déployées. De son côté, l’Éducation nationale prépare son plan de formation pour les enseignants (au mois de mars).
  • Le plan de formation par l’Éducation nationale doit être construit en parallèle du plan d’équipement, l’année précédant les déploiements.
  • La formation par les pairs est très importante : il faut la porter et la déployer.
  • Chaque école doit avoir un référent numérique qui fait le lien entre les formations et dispense de manière formelle ou informelle une information auprès de ses collègues afin d’augmenter, d’illustrer les temps de formation officiels (six heures par an).
  • Il faut également former les agents du péri et de l’extra-scolaire.


Mais avec quels outils ?

  • Pour la formation, peu importe l’outil, tablettes, ordinateurs ou autres, c’est le projet qui porte l’équipement.
  • Les matériels n’ont jamais été un préalable des commandes, mais une réponse au projet ENT : c’est le contrat. L’enseignant porte un projet où il a besoin d’un outil numérique dans sa pratique pédagogique : le projet est validé par l’IEN de la circonscription, qui doit prévoir la formation adéquate. Le rôle de la structure de mutualisation est aussi d’aller sur le terrain pour voir ce qui est nécessaire (TNI, tablettes, ordinateur…). Une structure de mutualisation n’a pas pour vocation d’être un revendeur, mais un accompagnateur.
  • Ce qui fait le numérique à l'école, ce ne sont pas seulement les écrans, c’est également tout ce qui a trait à la robotique ou à d’autres outils « numérisés ».


Maintenance : le maillon à tenir

  • La maintenance est la partie la plus difficile à gérer parce que c’est ce qu’il y a de plus immédiat. Dès qu’un stylet ne fonctionne pas ou qu’une ampoule est cassée, la maintenance doit réagir très vite. C’est sans doute le maillon qui doit être le plus renforcé au sein des collectivités pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de rupture dans l’utilisation des outils numériques.
  • Certaines structures de mutualisation ont une vocation générale d’assistance informatique des communes : maintenance, assistance logicielle et sécurité. L’école est ainsi un service particulier parmi d’autres services offerts par ces structures de mutualisation.


ENT

  • L’ENT socle est porté par le rectorat. Les partenaires (départements ou structures de  mutualisation, EPLI…) ajoutent pour leurs adhérents et leurs territoires des services particuliers sur la base d'un comité de pilotage. Le département est l’échelle pertinente pour des usages du 1D. Un ENT, c’est de la collaboration et des échanges, c’est porter des projets pédagogiques communs sur des territoires départementaux.
  • La convention intègre la possibilité pour la collectivité d’utiliser l’ENT. Les parents déposent leur enfant de 8h00 à 18h00 ; pour eux ils le déposent à l’école. Ils sont nombreux à ignorer les compétences légales des uns et des autres. Là encore, la technique n’est pas le problème. La structure de mutualisation accompagne l’usage par la collectivité de cet outil. Une fois l’accès de la collectivité ouvert aux parents, les questions arrivent : que met-on à leur disposition et qui est responsable de la publication ? C’est un changement de pratiques pour la collectivité et ses agents. Il faut attirer leur attention sur le fait qu’elles vont parler à des parents d’élèves. Lorsque la collectivité sait ce qu’elle veut faire, là où elle veut aller, l’éditeur de l’ENT peut développer des éléments sur mesure.
  • Le confinement a été un véritable accélérateur de cette ouverture de l’ENT.