Numérique / Territoires

L’école et le numérique : les actions possibles pour les syndicats mixtes Mars 2019

Les syndicats mixtes de Gironde et des Yvelines ont présenté au dernier colloque de l’AVICCA leurs services de mutualisation du numérique éducatif en direction des collectivités en charge des écoles.

Le constat est connu : la loi prévoit que la collectivité a la charge de l’équipement numérique des écoles et donc des enseignants et des élèves. Mais l’outil numérique n’est pas neutre. Il embarque des applications et contenus pédagogiques et surtout il demande un changement de la pédagogie, de la posture de l'enseignant. Or, ici comme ailleurs « aucun métier ne change du jour au lendemain ».

En Gironde, le projet d'accompagnement de la numérisation des écoles est né d’une politique volontariste du département. Cette politique dont le champ d'intervention dépasse celui de l'école met à disposition du groupe communal un service d'ingénierie sur le numérique. Le périmètre est le département hors Bordeaux métropole.
Dans les Yvelines, le département a transféré la compétence du numérique éducatif dans les collèges au syndicat mixte. Ce service a été élargi pour que les collectivités en charge du premier degré puissent en bénéficier.

Traditionnellement le premier objectif de la mutualisation est la baisse des tarifs d’achat. Les deux syndicats ayant sondé les acteurs historiques sur ce sujet en sont revenus avec ce constat « si l’on achète du matériel, on ne sert à rien ».

La plus-value se trouve ailleurs :
- en terme technique, il faut que ça marche ;
- en terme financier, il faut trouver des solutions pour limiter les engagements des collectivités ;
- en terme d’usages et de bénéfices pédagogiques, il faut impérativement impliquer l’Éducation nationale.

 

En cherchant à offrir les meilleures conditions pour que leurs écoles opèrent la transition numérique, les élus décident souvent d’acquérir des équipements. La première mission du syndicat est de les convaincre que l’équipement n’est pas la première condition : il faut d'abord un projet pédagogique des enseignants et que celui-ci soit coordonné et validé par les inspecteurs. La première action est dès lors de mettre autour de la table les élus, l’équipe pédagogique et le syndicat mixte. L’accueil est favorable, « sur le terrain, il peut y avoir des relations conflictuelles. Mais l’élu est content que l'on vienne faire l’interface ». Le rôle du syndicat est celui d'un « interlocuteur neutre », « facilitateur », « médiateur », « animateur ». Cette mission est chronophage. Elle demande des échanges en face à face sur le terrain avec les équipes en place, les écoles et les collectivités. 


Les premières échanges sont aussi l'occasion de dresser la liste des irritants. Le diagnostic des réseaux internes, souvent obsolètes, est un passage obligé. Les syndicats mixtes apportent alors des conseils et une expertise aux collectivités qu’il s’agisse de technique ou d’ingénieurie de projets. L’intervention peut aussi être plus circonstantielle comme accompagner les collectivités dans leur réponse aux appels à projets du Ministère (ENIR, Ecoles numériques rurales et innovantes).

 

«  De toute façon la collaboration rend intelligent, si on met autour de la table l’élu, l’équipe pédagogique et un informaticien ou un gestionnaire de projet, cela rend tout le monde plus intelligent.

Il faut juste être capable de s’écouter les uns les autres. » Gironde numérique.


Le projet rédigé et validé, intervient alors l’aide à l’achat : centrale d’achats pour Yvelines numériques et groupements de commandes pour Gironde numérique.

Post déploiement, les deux syndicats proposent un service de maintenance des équipements installés : « le travail des enseignants est d’éduquer les enfants, pas de savoir faire marcher un ordinateur ». Dans les Yvelines, le syndicat s’appuie sur le réseau des techniciens en charge de la maintenance informatique dans les collèges. En Gironde, le syndicat a diagnostiqué une absence de compétences informatiques dans les collectivités les plus petites. Aussi, il a organisé un groupement d’employeurs permettant à celles-ci de mutualiser des informaticiens. Si le montage est différent pour les deux syndicats, la maintenance reste de proximité. 

La formation des enseignants reste un point difficile du projet. Tant qu’il n’y aura pas de formation continue avec des heures fléchées, ce qui sous-entend une volonté importante des instances académiques, les projets avanceront lentement. Et quand bien même la collectivité voudrait aller plus vite et mobiliserait des moyens, il existe une difficulté pour dégager du temps aux enseignants qui ne sont pas des salariés de la collectivité.

En Gironde, les maires sont très satisfaits du service et en premier des discussions communes menées avec les acteurs. En sortant de réunion, "on sait qu’on veut « ceci » pour faire « cela » " . Le syndicat a accompagné 30 écoles en un an, soit davantage que ses prévisions. Les plans de déploiement sont organisés sur 3 ou 4 ans. Cela  permet aux enseignants les moins prêts de voir les autres avancer. Les élus sont encouragés et accompagnés pour dresser un bilan annuel.

Dans les Yvelines, le syndicat joue un rôle de passerelle au sein même de l’éducation nationale. Il a organisé des assises du numérique éducatif en mai 2018. Celles-ci ont rassemblé des acteurs qui se croisent rarement : le premier et le second degré. « Après un an d’activité, notre partenariat avec l’académie est fort » et « nous sommes entrés dans un écosystème où nous avions toute notre place ». L’académie et le syndicat travaillent ensemble pour faire avancer le numérique dans les écoles, chacun dans son domaine de compétences et pour éviter des investissements inutiles.

 

Zoom sur les assises du numérique éducatif dans les Yvelines

A l’issue de la première phase du plan numérique des collèges, 2015-2018, le syndicat mixte et le département souhaitaient dresser un bilan et définir la suite du projet. L’idée a émergé d’organiser des assises. Elles permettraient également d’exposer les usages et de se faire rencontrer les acteurs. Le programme a été co-organisé avec les acteurs de l’éducation nationale et les assises prêtes en 4 mois.
Enseignants, chefs d’établissements et directeurs d’écoles, élus, inspecteurs, élèves, parents et leurs fédérations se sont retrouvés à ces assises : plus de 350 participants du premier et du second degrés.

Outre la traditionnelle plénière, Yvelines numériques a organisé des ateliers de découvertes et des cogithons. Ces derniers sont des ateliers où des personnes venues d’horizons différents réfléchissent ensemble sur un temps court à un thème donné. De ces cogithons ont émergé les objectifs et les demandes, pas toujours numériques :

Objectifs

Demandes

- Travailler la pédagogie de projet
- Travailler différemment (groupe, autonomie, initiative, collaboration)
- Permettre l’autoévaluation
- Former (les élèves mais aussi les parents et les enseignants).

- Espaces modulables
- Mobilier mobile, modulable et flexible
- Outils numériques