Numérique / Territoires

Le WiMAX étend la couverture et le débit des BLR Mars 2004

Les rapides évolutions des technologies radio et l'exploitation commerciale de nouvelles bandes de fréquences pourraient bien regagner l'intérêt des collectivités territoriales, des entreprises et des particuliers pour les boucles locales radio.

Les performances en laboratoire...

Normalisée depuis avril 2002 par l'IEEE, la norme 802.16a, baptisée commercialement WiMAX (Worlwide Interoperability for Microwave Access) présente sur le papier des caractéristiques très attrayantes :

  • Technologie hertzienne dont le déploiement se fait sur le modèle actuel des réseaux à moyenne portée Wi-Fi (antennes, bornes relais, diffusion en points à multipoints)
  • Vitesse de transfert symétrique théorique jusqu'à 70 Mbits (8,75 Mo/s)
  • Transport de données, de vidéos et de la voix
  • Bandes de fréquences comprises entre 2 et 11 GHz (3,5 GHz pour l'Europe)
  • Diffusion théorique sur un rayon de 50 Km

Sur le terrain...

Pour l'heure, les performances du WiMAX, dans le cadre d'une exploitation commerciale, sont beaucoup plus modestes. Les opérateurs parviennent actuellement à proposer un accès symétrique à Internet à 10 Mbit/s dans un rayon de 20 Km autour de la borne d'émission. Le coût des équipements reste cependant encore élevé et comme les équipements de BLR actuels, les premiers équipements WiMAX nécessitent l'installation par un opérateur d'un terminal de réception avec antenne extérieure chez le client. Mais, cette génération d'équipements qui a permis de tester le standard est amenée à rapidement évoluer.

Une mobilisation croissante des industriels et des opérateurs...

Le WiMAX a, en effet, reçu le soutien d'industriels et d'équipementiers comme Nokia (qui rendra ses terminaux mobiles compatibles), Airspan Networks (qui travaille sur les commutateurs), Nortel Networks (pour les protocoles) ou encore Intel (qui prévoit la sortie d'un contrôleur WiMAX au second semestre 2004) ce qui laisse présager une évolution rapide des infrastructures et des coûts (liés à l'intégration matérielle des antennes de réception, des terminaux d'accès, etc.).

Le WiMAX a également retenu l'attention d'opérateurs disposant déjà d'infrastructures télécoms (GSM, câbles, fibres optiques, ADSL) et voulant proposer une liaison locale à haut débit à un ensemble plus large de clients. C'est déjà le cas en Angleterre (avec les opérateurs BT et UK Broadband), en Espagne (Iberbanda), au Mexique (MVS Net), au Brésil (Neotec), en Chine (PCCW) ou encore en Inde (Infocomm et Qualcomm).

Des applications rapides...

A la différence du Wi-Fi, plus approprié pour les transmissions radio en lieux clos, le WiMAX a été pensé pour la diffusion en extérieur sur de longues distances. Le WiMAX peut ainsi augmenter la portée des réseaux filaires dans les zones blanches ou mal desservies en haut débit (zones artisanales, zones rurales), il peut déjà relayer les connexions satellitaires, servir de pont d'interconnexion entre des réseaux ou des clients distants et il pourrait permettre de proposer de la téléphonie IP sans-fil assez rapidement. L'accréditation l'été prochain du protocole 802.16e permettra la mobilité réduite (déplacements théoriques à 100 km/h) et le maintien de session entre les bornes.

En France...

Le WiMAX se déploie en France par le biais d'Altitude Telecom, qui se trouve pour le moment la seule entreprise accréditée à exploiter deux licences nationales pour les fréquences de 3,5 GHz et de 26 GHz. Si la bande de fréquences des 26 GHz utilisée sur les boucles locales radio de Rouen, Caen, Evreux... a surtout permis de répondre aux besoins en haut débit des entreprises (en raison du prix des équipements et des services), l'exploitation de la bande des 3,5 GHz ouvre des perspectives à une clientèle plus large.

Dans le cadre de la DSP de l'Eure, Altitude Telecom s'est positionnée sur la gamme de services suivants : utilisation du WiMAX pour permettre, par borne sur des rayons de 20 Km, des accès à Internet symétriques à 1 Mbit/s.

A titre d'exemple, la couverture en surface d'un département à hauteur de 93%, pour un prix d_abonnement de 129 euros/mois (ciblant les professionnels) pourraient nécessiter le déploiement d'une vingtaine de stations de base et une participation moyenne du département aux alentours de 5 à 7 M d'euros (estimation présentée par Altitude Telecom mais dépendant de la taille du département, de sa géographie de la durée de la délégation de service public, etc..). Pour aller vers un service accessible au grand public (aux environs de 45 euros, qui pourrait comprendre de la VoIP à moyen terme), il faut également envisager de subventionner les terminaux et les installations d_usager. Une contrainte qui pourrait diminuer ou s_annuler avec l_intégration du WiMAX en standard dans les équipements grand public.

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