Numérique / Territoires

Le come-back du satellite en zones blanches Mars 2008

Toutes les technologies progressent. Chacune a droit à son heure de médiatisation, en positif ou en négatif, une fois la presse l'encense, une autre elle l'enterre. Les technologies utilisées pour les zones blanches n'échappent pas à la règle, avec une particularité supplémentaire : par définition elles sont utilisées dans des zones non rentables, ce qui veut dire qu'elles ne peuvent pas rendre le même service au même coût que ce qui est déployé massivement par ailleurs. Les CPL, le WiFi, le WiMAX ont connu heures sombres et heures de gloire.

Il y a quelques années, le satellite était LA solution, permettant d'accéder partout à internet sans infrastructures à construire. Il a fallu déchanter : prix d'équipements et d'installation élevés, limitations en bande passante, temps de latence... Le service attendu n'était pas au rendez-vous.

Ces déboires ont servi à améliorer le système, et de nouvelles offres sont aujourd'hui disponibles. Eutelsat a ainsi complètement revu l'ensemble de la chaîne technologique, en misant sur une autre bande de fréquences plus haute, non plus la Ku, mais la Ka, avec une offre baptisée "TooWay". Utilisée aux Etats Unis par ViaSat, cette technologie a conquis 350.000 abonnés, avec à la clef des CPE nettement meilleur marché pour les abonnés (250 à 300E). Comme pour le câble, ce sont les technologies Docsys sont utilisées.

La principale novation est l'utilisation non plus d'un seul faisceau couvrant un continent, mais de faisceaux multiples, ciblant des régions. Au lieu de partager la bande passante à l'échelle de l'Europe, il est possible de le faire sur des territoires plus petits, donc d'offrir un service de nettement meilleure qualité.

Provisoirement, Eutelsat utilise un "vieux" satellite lancé en 2002, Hot Bird 6, qui avait 4 spots dans cette bande, dont un dirigé sur la France. Le service est donc déjà opérationnel, via des distributeurs, avec un maximum de 50.000 utilisateurs potentiels pour la France. Swisscom a acheté de la capacité en gros à Eutelsat pour répondre à une exigence de service universel pour 30.000 foyers n'ayant pas accès à l'adsl.

Cet ancien satellite réutilisé a des limites techniques qui devraient être repoussées par un nouveau satellite, Ka-Sat, qui sera opérationnel en 2010/2011.

Ka-Sat aura 84 faisceaux pour toucher des zones de 250 km de rayon partageant 900 Mbits/s de capacité, soit 70 Gbits/s pour l'ensemble du satellite (40 aller, 30 retour). La bande Ka étant sensible aux intempéries (pluie...), plusieurs systèmes permettront de renforcer la puissance et d'améliorer la modulation pour les spots affectés par la météo. Les paraboles de réception/émission auront un diamètre de 67 à 80 cm, et seront a priori "auto-installables" par les particuliers, sans difficultés de pointage, grâce à l'utilisation d'une polarisation circulaire. L'équipement de l'abonné devrait coûter de 250 à 300 E. La position orbitale (13° Est) permettra de proposer de recevoir les satellites de télédiffusion, donc une forme de triple play. Il pourra desservir 2.000.000 d'abonnés en Europe. L'objectif visé en France est de 120.000 abonnés à terme (à comparer avec les 5 à 600.000 lignes blanches de l'adsl), avec une capacité maximum de 200.000 abonnés.

La principale limitation du système vient des nouveaux modes de consommation d'internet. Avec les pratiques mail et web, une contention donnant en moyenne 50 kbits/s à chaque utilisateur simultané suffit. Mais avec le peer to peer ou le téléchargement, ça ne marche plus. Le volume des échanges sera nécessairement facturé au delà d'un certain seuil ou limité par un procédé technique.

Sur un satellite en bande Ku, Astra propose également une nouvelle offre de haut débit, sous la marque Vivéole. La présentation commerciale fait mention d'une possibilité de téléchargement "illimitée", mais liée à une "Fair Use Policy" qui ajuste le débit au volume échangé. Par exemple au delà de 1,5 Go dans le mois, le débit de l'option la moins chère tombe à 64 kbits/s.