Numérique / Territoires

Haut débit, Numericable arrive après la bataille ? Septembre 2007

Les années fastes de croissance acélérée du haut débit atteignent bientôt leurs limites, celles du parc de foyers équipés d'un ordinateur. Le taux de croissance en informatique domestique reste voisin de 4 à 5 % par an, loin des + 44% de l'adsl en 2005 ou +34% en 2006.

La décélération a commencé. Au deuxième trimestre 2007, le haut débit n'a ainsi gagné que 500 000 abonnés, contre 800 000 au premier trimestre, et 900 000 fin 2006 (source Arcep).

Numericable a raté les années fastes, avec une part de marché bloquée à 5%. Pourtant l'unification progressive des réseaux, présentée comme la panacée, a commencé depuis longtemps (dès 1999 pour ceux d'UPC France). La technologie n'est pas en cause : un opérateur de câble local, comme la SEM Vialis à Colmar, a une part de marché supérieure à 40% pour internet. Il possède à la fois une base forte en télévision (58% de pénétration sur les raccordables) et fournit internet à tiers de ses abonnés. La taille ne fait pas tout !

Selon ses propres chiffres (supérieurs à ceux de l'Arcep), Numericable n'a que 700 000 abonnés à internet à la mi-2007, alors qu'il en déclare 3,4 millions à la télévision, soit une pénétration de un sur cinq. Sachant qu'un foyer français sur deux est équipé en haut débit, l'adsl a donc déjà fortement pénétré son parc d'abonnés, et plus encore celui des raccordables. Sachant aussi qu'il s'agit de zones urbaines, où le triple play est le plus souvent techniquement disponible, ainsi que la TNT, il y a une menace sur le fondement même des abonnés au câble.

Dans ce nouveau contexte de moindre croissance, tous les FAI vont devoir axer leur stratégie sur la fidélisation de leurs abonnés et tenter de se diférencier pour accroître leur part de marché. Il faut investir sur les contenus (musique, haute définition, exclusivités...), le quadruple play, l'augmentation des débits (fibre optique...), les fonctionnalités des box etc.

Sur les contenus, il faut d'abord rappeler qu'en juin 2002, le câble avait déjà 3,43 millions d'abonnés à la télévision. Cette stagnation en 5 ans est inquiétante, alors que la tv sur adsl a conquis 700 000 abonnés rien qu'au premier trimestre 2007 et touche 3,2 millions d'abonnés. Les FAI par ADSL ont un parc d'abonnés qui dépassera les 14 millions fin 2007 ; il est plus facile pour eux d'en basculer sur le triple play que pour le câble de conquérir de nouveaux abonnés. Potentiellement, le câble aura du mal à se lancer dans une bataille sur les contenus exclusifs vis à vis des FAI, surtout avec le poids de Canal+/CanalSat en télévision payante et l'expansion de la TNT gratuite. Le vrai test sera autour du nouvel appel d'offres pour les matches de la Ligue 1 pour la période 2009-2011. Plus sûrement, la haute définition peut redonner un certain avantage au câble.

Sur la convergence et le quadruple play, tout reste à faire pour Free (et d'abord à négocier puis payer sa licence UMTS !), des clarifications doivent intervenir entre Neuf et SFR, France Télécom a la meilleure situations stratégique. Numericable, simple MVNO sur Bouygues, aura peu de marge de manoeuvre technique et financière pour se différencier, alors que Free peut plus facilement innover dans un marché où les ententes ont régné.

Sur l'augmentation des débits, en particulier vers plus de symétrie, le câble rénové peut avoir une longueur d'avance ; Free fait la douloureuse expérience des contraintes réelles de déploiement d'un réseau. Pour Numericable, l'affichage du 30 Mbits/s de base, supérieur à l'adsl, n'a visiblement pas suffit à convaincre. Le 100 Mbit fera-t-il rêver, et ce massivement ?

Le premier terrain sur lequel les FAI devront se battre, c'est sans doute l'amélioration de la qualité et du service client. Inutile d'espérer vendre des services nouveaux quand ceux qui semblent basiques sont mal distribués.