Numérique / Territoires

France Télécom va déplacer ses investissements dans la fibre Juillet 2009

Les grandes déclaration de France Télécom menaçant de geler ses investissements dans la fibre, suite aux projets de décisions de l'Arcep, méritent d'être décryptées. Il s'agit en premier lieu d'essayer de modifier ces projets, encore soumis à consultation publique. Mais personne n'imagine qu'il y ait plus que des changements à la marge, et surtout pas une remise en cause du principe même de "la fibre surnuméraire" dans les zones très denses. Ces annonces peuvent surtout préparer le terrain à un changement des priorités territoriales de déploiement de FT.

Sur les zones très denses, l'opérateur n'a plus intérêt comme avant à tenter d'accélérer le processus en fibrant de nombreux immeubles à sa manière (monofibre et point de mutualisation en pied d'immeuble, défavorable aux autres opérateurs). Cette bataille étant perdue, autant continuer à protéger son réseau cuivre le plus longtemps possible. Donc autant laisser Free et SFR faire le long et coûteux travail de conviction des syndics, supporter les délais d'assemblée générale etc, et demander une fibre surnuméraire à celui qui fibrera l'immeuble ensuite. Ceci pourrait effectivement aller jusqu'à ce que FT dénonce des autorisations et contrats existants : au moins un an de gagné (ou perdu...).

Par contre, reste le cas des zones "non très denses mais rentables", parfois appelée "zone II", où Free et SFR doivent s'entendre pour construire un réseau. Le coût de construction est un peu plus élevé et chacun des opérateurs alternatifs a une part de marché trop faible pour construire seul. Cette zone représente 2 millions de prises environ.

(prises à construire rangées par ordre de coût croissant, extrait de l'étude ARF/AVICCA/CDC/PMP sur le très haut débit)

Sur cette zone II, le gouvernement pousse à un co-investissement avec la Caisse des Dépôts, ou à la création de SEM à capitaux publics minoritaires. Si les bases sont annoncées, leur concrétisation prendra un peu de temps. De plus, il n'y a pas encore de règles précises de mutualisation établies par l'Arcep : le point de mutualisation sera plus haut dans le réseau, à l'extérieur des immeubles, mais n'est pas encore précisé et il n'y aura sans doute qu'une fibre par immeuble. France Télécom, fort de son expérience dans le déploiement de réseaux, et de sa connaissance de ses infrastructures, peut donc être tenté d'y investir rapidement pour prendre ses compétiteurs de vitesse.