Fil de cuivre : une retraite bien méritée Octobre 2012
L’AVICCA se félicite de l’expérimentation de passage total à la fibre optique menée par France Telecom à Palaiseau. Elle donne un signal très lumineux sur le changement de génération que nous vivons.
Le bon vieux fil de cuivre a eu bien du mérite. Conçu pour la téléphonie, il a permis le démarrage d’internet à moindre coût avec le bas, puis le haut débit. Mais il n’a plus la vaillance d’autrefois pour supporter de nouveaux et multiples usages. Déployé dans une logique de service public, avec une péréquation tarifaire et une égalité d’accès, puis exploité par l’opérateur historique, régulé et ouvert à tous, il a droit à une retraite avec tous les honneurs.
Certes, un lifting est toujours possible. Les retards pris dans le fibrage dans notre pays, les réticences de certains à investir, refont surgir le VDSL2, pourtant écarté il y a quelques années en France. Cette technologie donnera plus de débit à ceux qui en ont déjà, leur permettant d’attendre encore un peu, mais n’apportera rien pour la grande majorité des lignes. De quoi retrouver une apparence pour un temps, mais en creusant les inégalités.
Dans certains pays, faute d’un système de retraite juste, on voit des personnes âgées s’échiner à la tâche jusqu’à épuisement. Epargnons cette triste fin au fil de cuivre. Epargnons surtout un régime à deux vitesses à tous ceux qui ont besoin de télé-santé, de télé-enseignement, de télé-travail, parce qu’ils sont loin des grands centres urbains. Ne construisons pas une France à deux vitesses, la possibilité du gigabit pour certains, quelques megas, voire moins, pour d’autres.
France Télécom prépare son avenir en se lançant dans cette opération, et réalise ainsi une première en Europe. C’est tout à son honneur. L’expérimentation de Palaiseau sera utile pour mesurer les difficultés opérationnelles de la transition et préparer sa généralisation. Elle mesurera les économies d’exploitation réalisables en évitant de gérer deux réseaux. Elle permettra de fibrer directement les nouveaux logements pour éviter les doublons d’investissement, aussi bien pour l’opérateur que pour les constructeurs de ces logements.
Pour l’AVICCA, il est nécessaire, en parallèle de cette expérimentation, de travailler sur les incitations économiques à la migration rapide du cuivre vers la fibre, partout où elle sera déployée, par France Telecom comme par d’autres opérateurs ou les collectivités. Il s’agit d’un chantier indispensable, tant au niveau de la régulation que de l’attribution du service universel pour les immeubles neufs.
Paris, le 10 octobre 2012
Yves ROME
Président de l'AVICCA