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Déploiements FttH : bon trimestre avant l'effet Covid Juin 2020

En attendant la publication très prochaine de l'open data de l'Avicca, qui comportera plusieurs évolutions notables, les statistiques de l'Arcep pour le premier trimestre 2020 permettent de mieux suivre l'évolution des déploiements FttH en ce début d'année. Elles permettront également de mieux se rendre compte de l'impact de la crise sanitaire lorsque les statistiques du deuxième trimestre seront publiées à la rentrée.

L'utilisation du nouveau référentiel IPE - lorsqu'il existe et qu'il ne comporte pas de doublons - permet une lecture de plus en plus fine de la complétude des déploiements. Certaines corrections bienvenues ont été apportées à ce nouveau référentiel depuis la dernière publication trimestrielle, écartant les données IPE encore imparfaites. C'est ainsi que Vénissieux, qui était passée dans la précédente édition de plus de 60% de raccordables à moins de 40%, repasse après corrections à plus de 70% de raccordables...

 

La volumétrie des déploiements en zone AMII est au rendez-vous, tant côté Orange que SFR. Ce bon trimestre - supérieur aux deux premiers trimestres de 2019 - n'impacte que marginalement la complétude des déploiements. Après la lourde correction apportée par le changement de référentiel de base des locaux à rendre raccordables au T4 2019, la complétude ne repart que légèrement à la hausse : 57 nouvelles communes peuvent ainsi être considérées comme complètes ou quasi-complètes. Il s'agit notamment d'Essigny-le Petit (171 locaux), Monceau-Saint-Waast (214 locaux), Orgeval (dans l'Aisne, 36 locaux), Cerny-lès-Bucy (69 locaux), Veslud (139 locaux), et Salins (392 locaux) qui passe de 0% à plus de 95% en un trimestre. Loin d'être anecdotique, cette évolution est plutôt rassurante : sur les 842 communes de la zone AMII qui n'ont connu aucun déploiement, une part importante ont un profil comparable à ces communes rurales qui ont été desservies l'espace d'un trimestre. Les opérateurs privés sont ainsi capables d'en traiter certaines rapidement.

Pour autant, le chemin reste encore très long, même sans tenir compte de la crise sanitaire. Seules 223 nouvelles communes ont connu leurs tous premiers déploiements FttH au T1 2020. Certaines villes de plusieurs milliers d'habitants (Barcarès, Gruisson ou Château-d'Olonne) ne comptent toujours aucune ligne FttH. Quant aux engagements de complétude initiaux (2011) de la zone AMII, ils se font toujours attendre :

  • aucune des 5 communes qui devaient être terminées en 2015 ne respecte, même au T1 2020, l'objectif de la complétude annoncé en 2011 par les opérateurs : le maximum est atteint par Brest avec 93% de raccordables, le minimum revient au Havre avec 73% ; au total, seuls 67% des locaux de ces villes sont raccordables au FttH aujourd'hui ;
  • même constat pour les 17 communes qui devaient être terminées en 2016 : le maximum est atteint par Enghien-les-Bains (94%) et Aix-en-Provence reste loin derrière les promesses des opérateurs de 2011 avec 56% de raccordables ; au total, seuls 72% de ces locaux sont raccordables aujourd'hui ;
  • Montataire, qui devait être déployée à 100% en 2018, ne compte toujours aucune prise. La situation n'est guère plus enviable s'agissant de ce millésime à Nogent-sur-Oise, qui ne compte à date que 16% de raccordables ; 75% des prises qui devaient être raccordables fin 2018 le sont effectivement aujourd'hui...

Au final, 5% des communes de la zone AMII peuvent être considérées comme complètement ou quasi-complètement raccordables au FttH.

Côté volumes, c'est aussi un excellent trimestre de déploiements en zone d'initiative publique, qui s'accompagne d'une hausse notable de la complétude : 39% des communes mises en chantier en zone RIP sont raccordables à plus de 95%, contre 7% pour la zone AMII. Au global, 10 départements voient leur zone d'initiative publique mieux raccordable au FttH que leur zone d'initiative privée : Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Oise, Loire, Val-d'Oise, Eure-et-Loir, Aisne, Vaucluse, Landes et la Guadeloupe.

Axione est, pour le 10ème trimestre consécutif, le premier déployeur de prises FttH en zone RIP, et approche désormais le million de lignes déployées. Orange et Altitude réalisent également un excellent premier trimestre 2020. Lequel dépasse de beaucoup les niveaux des trois premiers trimestres de 2019, sans pour autant atteindre le record du T4 2019. Covage et SFR sont nettement plus en retrait pour ce premier trimestre, alors que TDF avec ses 18 000 nouvelles prises est le seul opérateur à progresser par rapport au quatrième trimestre de l'année passée.

 

Trimestre après trimestre, la seule évolution notable de cette zone est le nombre de nouvelles communes que l'Etat confie aux opérateurs privés. La complétude ne dépasse pas aujourd'hui 1% des 2 846 communes. De plus, certains engagements AMEL spécifiques qui n'avaient déjà pas été respectés fin 2019 ne le sont pas plus aujourd'hui. Le gouvernement actuel, qui a fait le choix de confier massivement des communes aux opérateurs privés, voit sa stratégie patiner. Dormez bonnes gens, l'Etat et le régulateur ont promis aux collectivités d'être inflexibles. Les opérateurs concernés tremblent déjà...

 

Les déploiements en ZTD sont au niveau du premier trimestre 2019. Une nouvelle fois, Orange porte la quasi-totalité des déploiements, même si SFR réalise avec 8000 nouvelles prises son meilleur score depuis... le T1 2017 ! A noter également Covage qui semble redémarrer ses déploiements en zone très dense. L'appel de l'Avicca à ce que d'autres opérateurs accompagnent Orange pour assurer la complétude de la ZTD aurait-il été entendu ?

S'agissant de la complétude, elle est une nouvelle fois à la baisse du fait du changement de référentiel logements. Au fur et à mesure de l'intégration des données IPE, on constate en effet que le nombre de locaux à rendre raccordables est plus important qu'envisagé. Rosny-sous-Bois, Lille et Clermont-Ferrand restent encore et toujours sous la barre des 50% de raccordables. A contrario, deux communes progressent sensiblement, avec une hausse en un trimestre de 14% de leurs locaux raccordables : Villiers-le-Bel (progrès de 76% à 90%) et Créteil (de 73 à 87%).