Chiffres du T1 2021 de l'Arcep : l'AMII de 2011 et les engagements L33-13 de 2018, tout aussi inefficaces Juin 2021
Nous sommes en juin 2021. Toute la zone AMII devrait être fibrée depuis 6 mois selon l'AMII de 2011. Toute la zone AMII ? Non, seul un petit cinquième de cette zone est aujourd'hui à peu près correctement fibré...
Et encore, les bases de référence de calcul du nombre de locaux laissent toujours à désirer. Si nous nous étions réjouis que les fichiers IPE soient majoritairement pris en compte pour servir de base de référence (c'est-à-dire le nombre de locaux issu de relevés terrains et non pas de statistiques INSEE trop anciennes pour refléter la réalité), il semble que ces IPE soient aussi sous-évalués. Prenons l'exemple de Chessy (Seine-et-Marne), réputée raccordable à 172% (!) sur la base de fichiers IPE, et pour laquelle l'open data de l'Arcep - la base immeubles - montre plus d'une soixantaine d'entre eux toujours non fibrés. Et les exemples comparables ne manquent ni dans les communes très peuplées (Villenave-d'Ornon en Gironde : 131% de raccordables selon les données opérateurs, 15% des immeubles non raccordés, ou encore Dardilly dans le Rhône : 121% de raccordables, un quart des immeubles non raccordés !) ni dans de plus petites (dans l'extrait de cartefibre ci-dessous, Sarrola-Carcopino : 137% de raccordables, la moitié des immeubles qui ne le sont pas !). De quoi rendre sceptique le plus croyant des datascientists quant à la précision des données de couverture FttH...
Quant à la "progression" des déploiements en zone AMII, avec les retards qui s'accumulent depuis l'origine, les opérateurs privés n'ont même plus pour objectif de tenir leurs "engagements", fussent-ils L33-13. Il faut en effet remonter au premier trimestre 2019 pour trouver un niveau de déploiement aussi bas qu'en ce début 2021 ! L'attitude des opérateurs semble cohérente, puisque de toutes façons, le gendarme des communications électroniques constate, trimestre après trimestre, les infractions mais attend pour sortir son sifflet (puis son bâton?) d'en avoir reçu l'ordre d'un gouvernement qui semble toujours regarder ailleurs. Quand on vous disait que l'enfer était pavé de bonnes "intentions"...
Résultat, sur le terrain et en pleines périodes électorales, les collectivités locales des zones AMII sont bien en peine d'apporter des réponses à leurs habitants qui ne cessent de réclamer la fibre en ces temps de télétravail, e-santé et autres écoles en ligne. Dernier exemple en date, celui de la Communauté d'agglomération du Bassin de Brive (Corrèze). Après avoir signalé à l'Arcep une couverture de l'agglomération particulièrement faible (65% à fin 2020, avec Brive-la-Gaillarde qui devait être raccordable à 100% fin 2018 selon l'AMII, et qui plafonne encore à 75% en 2021 !), les braves Brivistes se sont vus confirmer leur diagnostic par l'autorité et aussitôt ré-orientés vers l'État pour savoir s'il fallait faire quelque chose... Est-ce vraiment rendre à César ce qui appartient à César ?