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Cablopoly mondial et courses de fonds Août 2006

La valse des fusions acquisitions dans le secteur du câble ne connaît pas de trève estivale. A peine NTL commence-t-il la difficile digestion de Telewest et le lancement du quadruple play avec Virgin Mobile en Grande Bretagne que les fonds Providence, KKR, Blackstone et Cinven en négocient le rachat pour une vingtaine de milliards de dollars. A Taïwan, des enchères vont mettre les deux tiers du câble, soit 3 millions d'abonnés, dans les mains de fonds également. Aux Pays Bas, pays très câblé, Warburg Pincus et Cinven ont acquis Essent Kabelcom après avoir mis la main sur Casema et Multikabel, devenant ainsi le numéro un devant UPC, avec 3,3 millions de clients...

Cette omni-présence des fonds peut s'expliquer par la nécessité de poursuivre des investissements massifs, à la fois pour des raisons techniques (numérisation, diminution de la taille des poches, interconnexion et mise en cohérence des réseaux) et commerciales. Il faut se hisser à la hauteur des opérateurs historiques, tant pour les réseaux fixes, voire mobiles que pour les grands groupes audiovisuels (droits cinématographiques et sportifs, distribution des chaînes).

Si la convergence technique et réglementaire est de plus en plus un fait, sa traduction en termes d'abonnés se heurte à de puissants freins économiques. Ainsi le câble en France n'a-t-il que 5% du marché de l'internet, alors qu'il a été le premier à lancer le haut débit ; de même France Telecom n'avait, au 30 juin 2006, que 300 000 foyers raccordés à son offre de télévision par adsl, mais la moitié du marché du haut débit avec 5 millions de clients.

Inversement aux Etats Unis, où le câble, après bien des déboires, est leader en audiovisuel comme en internet, la bataille se fait entre industriels du secteur, les cash flows massifs permettant de financer le développement. Ainsi, Comcast atteint plus de 23 millions d'abonnés, et TIme Warner près de 15 millions avec les rachats des 5 millions de clients d'Adelphia, et ils se partagent mieux les grands pôles urbains. Les cablo-opérateurs ont aussi formé des consortiums pour gagner les enchères sur les licences de fréquences hertziennes pour les mobiles, face aux opérateurs historiques.