Numérique / Territoires

Baromètre de la fibre en entreprise : la concurrence toujours en vigilance orange Septembre 2022

InfraNum a présenté, ce 7 septembre, au Ministère de l’économie et des Finances, son nouveau baromètre. Sans surprise, malgré l'enchaînement des cycles de régulation promettant de faire bouger les lignes, nous constatons, année après année, la persistance d’une sécheresse de la concurrence associée à une pénurie de transformation numérique des entreprises.


Certes, le raccordement à la fibre optique a fait un bond entre 2019 et aujourd’hui. Mais cet extraordinaire progrès n’est dû ni à la régulation ni à l’arrivée massive de nouveaux réseaux d’initiative publique. Cette croissance doit à un phénomène exogène et imprévu : les confinements successifs liés à la tempête Covid ont soufflé les nombreuses résistances des acteurs économiques. Les entreprises, auparavant fibrées à 23%, le sont désormais à 55%. Faut-il que le prochain cycle de régulation prévoit de nouveaux confinements pour prolonger, voire accentuer, le mouvement ?



Car les résistances sont toujours là : à l’heure où l’on annonce la fermeture du réseau cuivre, 41% des entreprises qui ne sont pas encore fibrées n’envisagent pas de se passer de leur connexion cuivre. La part des réfractaires augmentent même !

 

Du côté de la concurrence, aucun changement réellement satisfaisant : Orange voit ses parts de marchés renforcées (la dérégulation entreprise par l'Arcep sur la ZF1 a probablement fini par porter "son fruit" malgré la résistance des opérateurs des RIP des zones concernées...). En revanche, le duopole Orange SFR tend à ne plus exister, SFR régressant au profit de Bouygues Télécom. En résumé, le baromètre IFOP montre que, 4 ans après, la montée des eaux grignote progressivement la micronésie de l'espace réellement concurrentiel du marché pro en France.

 

Il reste cependant un espoir d'éclaircie: lors de la migration vers la fibre, 43% des entreprises envisagent de changer d’opérateur. Il convient donc que l'Autorité se saisisse, dans le cadre du nouveau cycle de régulation en cours de définition, de cette opportunité unique et non renouvelable qu'est le démarrage du grand chantier national de la fermeture du réseau cuivre pour enfin établir, en France comme ailleurs, les conditions d'une concurrence loyale et effective entre l'ensemble des acteurs du marché professionnel des télécoms, afin de réussir la transformation numérique du pays. Comme pour le dérèglement climatique, ça urge !