Numérique / Territoires

11. WiMax - Réseau de la Somme et d'Amiens Septembre 2005

Gérard WECKER, Sogetrel

Directeur des études de déploiement des réseaux haut débit

Expérimentation du WiMax en liaison

avec la construction des réseaux de la Somme et d'Amiens

(Cette intervention s'appuie sur un diaporama)

Je suis aussi en charge de la veille technologique chez Sogetrel, ce qui me désigne naturellement pour vous parler de l'expérimentation que nous menons actuellement à Amiens en matière de nouvelles technologies d'accès.

N'étant pas sur le même pied de notoriété que les intervenants précédents, je prends la liberté de présenter l'entreprise en quelques mots. Sogetrel est positionnée sur le marché des télécoms en tant qu'intégrateur de réseaux de télécommunication. Cette position est fondée :

  • sur son implantation territoriale, d'abord, avec 35 établissements sur l'ensemble du territoire et environ 1 000 salariés ;
  • un savoir-faire dans le déploiement de réseaux sur le domaine public, qui a permis le développement d'une véritable culture de relations avec les collectivités locales ;
  • la maîtrise de tous les métiers que requiert, au final, la gestion d'une infrastructure de télécommunication, à savoir : la conception, l'installation, la mise en service et la maintenance.

L'ensemble de ces éléments permet à Sogetrel de présenter aux collectivités locales une offre globale. Depuis vingt-quatre mois, nous sommes ainsi présents, à la faveur des DSP ou des grands marchés de travaux :

  • en tant que simple concepteur-constructeur, dans de nombreuses collectivités locales, plus particulièrement dans le département de la Somme, qui constituera le thème principal de cette présentation ;
  • en tant que délégataire de services publics, comme cela a déjà été exposé, au côté de différents partenaires, tels que LD Collectivités ou Axione :
  • dans l'Oise, où le réseau de plus de 300 km est maintenant construit à 50 % et est en phase de commercialisation ;
  • dans les Pyrénées-Atlantiques, où le réseau, d'une longueur de 900 km, est aussi en cours de construction - 30 % déjà construits sur ce vaste territoire ;
  • dans l'Hérault, où nous attendons, comme il l'a été dit, la décision du tribunal administratif de Montpellier, qui doit statuer aujourd'hui, pour démarrer les travaux ;
  • en région Alsace, où les travaux, de l'ordre de 900 km, débutent ;
  • en région Limousin, où Sogetrel initie actuellement le déploiement des réseaux de la Creuse et de la Corrèze.

Ces territoires et ceux qui font l'objet des projets actuellement en gestation ont en commun de vastes contrées de faible densité de population qui, sans l'intervention de la puissance publique, resteraient à l'écart du haut débit. Pour ne pas alourdir le montant de l'investissement et des participations financières publiques, nous rechercherons naturellement pour ces territoires des solutions économiques, qui limitent les investissements mais qui ont toutefois une capacité de transport en adéquation avec les besoins. Le WiMax, précisément, est une solution qui semble, à cet égard, pertinente. Elle offre un bon rapport débit / couverture et quelques fonctionnalités intéressantes, comme la capacité à prendre en compte le rayon réfléchi, en milieu urbain, ce qui permet théoriquement d'atteindre des bâtiments qui ne sont pas directement à vue de la station de base, et des fonctionnalités de nomadisme, c'est-à-dire la possibilité, pour l'usager, de se connecter où que ce soit dans la zone de couverture. Ceci est vraiment un élément différenciant par rapport au DSL. C'est donc une technologie prometteuse, qui suscite une vague d'intérêt mondiale, mais qui demande à être évaluée en vraie grandeur. Nous considérons que c'est notre responsabilité d'ensemblier que de la tester.

Expérimentations

Lorsque le syndicat Susi, qui est en charge des projets en matière de technologies de l'information et de la communication à la fois du département de la Somme et d'Amiens métropole, a souhaité lancer une expérimentation sur le sujet, un ensemble d'acteurs se sont déclarés intéressés pour y participer :

  • Susi, en tant que porteur du projet d'expérimentation,
  • la Datar, qui en assure une partie du financement,
  • Tutor Online en tant que maître d'œuvre du projet,
  • les équipementiers Alvarion et Luceor - le premier pour le WiMax et le second sur le même créneau, pour le matériel WiFi-Mesh,

Sogetrel, qui assure la conception, l'installation, la mise en service et l'évaluation de l'opération,

TDF qui, en qualité de towercast company, fournit un point haut et participe à l'évaluation,

Ozone en tant qu'opérateur de services,

et Intel, qui suit et soutient cette expérimentation dans le cadre de ses projets de développement WiMax.

Les objectifs poursuivis par les uns et les autres consistent principalement à valider les capacités techniques de ces technologies pour fournir l'Internet à haut débit en zone rurale et en zone urbaine et favoriser les usages liés à la mobilité en zone urbaine.

Quatre expérimentations ont été envisagées : le WiMax en zone urbaine et semi-urbaine, essentiellement sur Amiens métropole ; la technologie Mesh-Network en zone rurale et urbaine ; les usages fixes et nomades.

En ce qui concerne Sogetrel, nous faisions aussi partie de cette expérimentation pour affiner nos règles d'ingénierie et calibrer notre modèle de radio-planning de manière à en augmenter la fiabilité. L'expérimentation est conduite sous deux axes : la phase technologique et la phase services et usage. S'agissant de l'avancement, actuellement, seule l'expérimentation WiMax est en cours de test, qui s'achève. Pour la partie WiFi-Mesh, les tests n'en sont qu'au démarrage.

Les caractéristiques techniques de l'expérimentation WiMax sont les suivantes : une station de base, équipée de 4 secteurs de 90 ° - je ne vais pas vous assommer sous les chiffres, mais vous fournir quelques données - et 13 récepteurs, positionnés sur le toit de 13 des 26 mairies d'Amiens métropole. La station de base est reliée au centre d'exploitation du réseau haut débit d'Amiens. Du côté des usagers, la configuration de réception est constituée d'une antenne directionnelle et d'un modem qui est placé à côté de l'ordinateur. L'installation prend quelques heures, et aucune configuration client n'est nécessaire.

La couverture radio a été arrêtée à une puissance de - 91 dbm ; cela représente un débit de 1 Mb/s en limite de cellule. Nous n'avons donc là qu'une seule cellule, qui a une capacité de 72 Mb/s full duplex, ce qui représente, à titre d'exemple, une capacité de desserte de 3.600 usagers.

Quels sont les tests auxquels nous avons procédé ? Nous avons d'abord vérifié que la couverture était conforme au modèle que nous nous en étions fait à travers nos outils de planifications.

Nous avons observé ce qui se passait à l'intérieur des bâtiments, parce que nous souhaitons que les gens puissent avoir un accès haut débit directement à partir de leur poste de travail. Nous avons pu mesurer un débit de 2 Mb/s à l'intérieur des bâtiments, en milieu urbain dense, dans un rayon de 2 à 3 km autour de la station de base. Ceci dans des configurations non à vue, c'est-à-dire lorsque le bâtiment n'est pas à vue de la tête de réseau. Lorsque l'on est à vue, le débit est le même jusqu'à 7 à 10 km. Ces résultats sont toutefois provisoires, et en tout cas améliorables par une meilleure position de la station de base, qui n'est pas idéale, dans l'état actuel des choses. Nous allons la déplacer, avec le concours de TDF, qui va nous fournir un point haut plus intéressant.

Nous avons aussi testé le transfert de fichiers sous protocole FTP, pour tester notamment le transfert de données concurremment à des applications prioritaires. Tout s'est fait dans de très bonnes conditions et la hiérarchie des trafics s'est bien opérée.

Nous avons procédé à des essais de transport de flux vidéo, en point à point et en vidéosurveillance nomade. A partir d'une caméra IP, nous avons transmis un flux de 2 Mb/s jusqu'au PC de vidéosurveillance de la police municipale d'Amiens. Les images étaient de très bonne qualité jusqu'à une mobilité du véhicule de la police de 30 km/h. Au-delà, ce n'était plus probant.

Nous avons testé également la voix sur IP, avec des échanges téléphone : IP / téléphone RTC ;

IP / IP ; IP / téléphone mobile. Tous ont été testés avec une qualité satisfaisante.

Enfin, nous avons testé la diffusion de flux vidéo broadcast, avec la diffusion d'un film à 1,5 Mb/s et visualisation par plusieurs utilisateurs. L'expérience n'a pas du tout été probante. Dans l'état actuel de la technologie, elle ne permet pas la diffusion de bouquets TV IP. Aux dires des équipementiers, ce n'est pas définitif, et il ne faut pas désespérer sur ce point : il y aura peut-être encore des avancées dans ce domaine, mais pour l'instant, c'est notre constat.

De nombreux tests restent encore à réaliser, notamment toute la partie WiFi-Mesh ainsi que la gestion multi-opérateurs. L'expérimentation va se terminer au 31 janvier prochain. Au final, l'ambition de la collectivité est d'étendre cette infrastructure sur l'ensemble du territoire de la Somme. Cela nécessitera la mise en place de 24 stations de base pour permettre la couverture de 80 % des zones bâties, ce qui représente 200 000 habitants sur les 250 000 que compte le département.

Je vous remercie de votre attention. L'ingénieur réseaux qui a conduit les travaux de Sogetrel dans cette expérimentation est dans la salle. Si d'aucuns, parmi vous, sont curieux d'informations techniques plus pointues, il est à votre disposition.

Patrick VUITTON, Avicca

Je retiens à la fois la précision de votre exposé et le fait que vous ne vous êtes pas positionnés sur une demande de licence, en tout cas en tant que Sogetrel, pour l'instant.

Antoine Veyrat, vous êtes président de LD Collectivités. Nous allons passer brièvement sur la présentation de la société, parce que vous êtes bien connu dans le secteur des opérateurs d'opérateurs. Vous êtes en effet celui qui a le plus de DSP aujourd'hui. Comment voyez-vous le WiMax par rapport à ce métier : opportunités, dangers ?

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