Numérique / Territoires

Toujours pas de signe de vie détecté sur Mars, mais on en a trouvé sur les AMEL... Mars 2022

Si plus grand monde ne croit aux "engagements" L33-13 de la plupart des AMEL, le Régulateur a toutefois entraperçu un signal de vie du côté de certains d'entre eux.

92 000 prises ont été déployées au dernier trimestre 2021 dans les zones AMEL. Le chiffre peut sembler ridicule comparé aux 1,25 M de prises à rendre raccordables. Néanmoins, c'est autant que le cumul des trois précédents trimestres. Du coup, cela peut laisser espérer qu'il se passe enfin quelque chose sur ce zonage spécifique. Mais attention : cela ne permet ni de rattraper les échéances intermédiaires, ni celles d'il y a un an. Et il est déjà illusoire de penser que les échéances de fin 2022 seront respectées. À échéances plus lointaines, le profil de progression des courbes est toujours en deçà de ce que nous serions en droit d'attendre. Encore faudrait-il qu'un tel profil de progression existe ! En 2021, les déploiements ont été au point mort - ou presque - en Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne et Savoie. En outre, les prises annoncées comme déployées le sont-elles vraiment ? Les remontées terrain ne reflètent en effet pas toujours ce qu'indiquent les fichiers IPE des opérateurs...

 

 

Par ailleurs, les anciennes communes d'initiative publique finalement confiées par l'Etat aux opérateurs privés ne se limitent pas aux seuls AMEL. Les gouvernement successifs ont rivalisé d'imagination pour inciter les collectivités à abondonner leur projet de RIP et confier les clefs de l'aménagement numérique de leur territoire aux opérateurs privés. Pour simplifier, ne retenons que deux grandes catégories : les extensions de la zone AMII d'une part, et les CPSD (convention de programmation et de suivi des déploiements) ou assimilés, d'autre part.

S'agissant des extensions (rajout de 163 communes postérieurement à l'AMII de 2011), la situation des déploiements y est la moins inquiétante. Elle reste très proche de ce que l'on observe en zone AMII classique : un retard global, peu de communes où les travaux n'ont pas encore démarré et une dynamique de nouveaux déploiements très faible. Avec, malgré tout, une perspective de complétude à deux ans si les opérateurs privés ne réduisent pas encore plus leurs capacités. Il ne reste en effet "que" 46 301 locaux à rendre raccordables. Et il s'y déploie encore 8 000 prises par trimestre.

C'est tout le contraire des 875 communes en CPSD (dont certaines pourtant très anciennes) qui ressemblent parfois à s'y méprendre aux AMEL. Près de 500 de ces communes n'ont, à fin 2021, aucune prises raccordables (soit près de 60% des communes de cette zone). A contrario, seules 31 sont intégralement terminées. Loin de s'accélérer, le rythme des déploiements y chute : il s'y est construit moins de 53 000 prises en 2021. A cette vitesse, il faudrait encore 6 années pour rendre raccordables les quelques 300 000 prises restantes. Et lorsque l'on sait que ce rythme, qui n'a jamais été très élevé, est en chute libre depuis... 2018, il y a de quoi être légitimement inquiet !