Numérique / Territoires

FFIE : le très haut débit pour tous, la réponse des installateurs Août 2007

FEDERATION FRANCAISE DES INSTALLATEURS ELECTRICIENS

 

1. Les besoins apparaissent

Dans les discours de la classe politique, dans les médiatiques projets d'investissements des opérateurs de télécommunication, une expression magique est apparue : THD - TRES HAUT DEBIT (BROAD BAND).

Exemple des Pays-de-la-Loire : « Le très haut débit est indispensable pour les entreprises. Les techniques de l'information et de la communication représentent aujourd'hui 42 000 emplois dans la région contre moins de 8 000 en 1998.».

Depuis 20 ans, en Europe, la croissance est générée pour plus de 50 % par les TIC (Technologies de l'Information et de la Communication).

Les entreprises d'installation sont face aux questions concrètes des clients, et face aux problèmes techniques pratiques. ils doivent donc disposer de règles précises permettant un déploiement réalisé selon les règles communes de marché concurrentiel.

La réponse universelle s'appelle la normalisation. pour réaliser des normes, on écrit d'abord des guides pratiques, généralement basés sur des technqiues des fabricants, les règles déja éprouvées sous d'autres longitudes, et sur les règles de l'art des professionnels.

Contrairement à une idée trop répandue dans la profession, il existe bel et bien des normes et des guides régissant ce domaine. Nous allons exclusivement présenter ici ce qui est nouveau en 2007.

Que veut-on dire par « TRES HAUT DEBIT » ? Un signal numérique de débit supérieur ou égal à 100 MBITS/S.

Quels sont les principaux usages du très haut débit ? Aujourd'hui, les opérateurs nous présentent le THD sous le seul aspect de la télévision à très haute définition, ou pour les jeux vidéo. C'est oublier que le premier enjeu sociétal va être la télémédecine, pour favoriser le maintien à domicile des personnes agées ou dépendantes que nous deviendrons. le développement annoncé du télétravail passe également par ce THD.

2. Les techniques nous étonnent

  • Très haut débit Réseaux filaires - fibre optique

Réseaux cuivres contre fibres optiques ?

Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est faux ?

  • Vrai : le débit peut atteindre 10 Gbits/s sur des câbles ETHERNET 4 paires en cuivre. De nouveaux développements nous permettent d'envisager des applications à 100 Gbits/s. Mais tout cela se fait sur des longueurs de 100 m ;
  • Faux : les fibres optiques ont une meilleure résistance au feu que les câbles métalliques. Les câbliers savent fabriquer des câbles métalliques (CR1) capables de résister au feu à 400 °C pendant une heure. Les fibres optiques n'atteignent pas ce niveau de performance.

Les fibres optiques trouvent leur application naturelle dans le WAN et les réseaux métropolitains, en extérieur. A l'intérieur des bâtiments, les câbles en cuivre, plus souples et plus résistants, complètent la distribution, par un choix approprié des différents composants.

  • Très haut débit Réseaux filaires - Power Over Ethernet (POE)

C'est l'art et la manière d'alimenter des équipements par leurs câbles de réseaux à travers la liaison Ethernet. Ceci correspond à la télé-alimentation d'équipement actif (DTE : équipement terminal de données) situé en extrémité du câblage capillaire derrière la prise terminale, conformément aux normes des systèmes de câblage (ex : modem) (source: fiche COREL N°24). Cette technologie n'est pas exclusive de l'usage du protocole Ethernet. Aujourd'hui, la solution normalisée propose 12 W en continu, en TBT (très basse tension). Les fabricants travaillent sur une solution à 100 W.Un câble de Catégorie 7 sera favorisé par rapport à une catégorie inférieure.

  • Très haut débit Réseaux radio

Les problèmes annoncés se vérifient :

  • le WIMAX ne tient pas ses promesses : portée de 45 km ? NON, plutôt 5 km en été ! Le WIMAX tiendrait bien ses promesses dans un désert plat. Hélas pour cette technologie, la France est vallonée, construite, peuplée et les arbres ont souvent des feuilles ;
  • WIFI : des problèmes de cohabitation ! Dans les pépinières d'entreprises, résidences collectives, et les zones urbaines denses, les réseaux radio entrent en compétition pour occuper les mêmes fréquences, sns s'occuper des éventuelles perturbations qu'ils peuvent générer sur leur environnement ;
  • des problèmes intrinsèques d'instabilité liés à l'environnement ;
  • des doutes importants à propos des effets physiologiques ;
  • des difficultés prévisibles avec le décret sur la C.E.M. - compatibilité electromagnétique (en raison de la phase bien française : « ...y compris ceux qui ne relèvent pas du présent décret »).

Une fois encore, il est nécessaire de rappeler que depuis l'origine de ces technologies, les réseaux filaires ont toujours eu des débit et des performances au moins 10 fois supérieures aux réseaux hertzien.

3. Les normes évoluent : trois nouveaux guides

  • Un nouveau guide UTE C 90-486 : Il concerne l'adduction des immeubles résidentiels, ainsi que des lotissements et des logements isolés, en câble cuivre ou en F.O..Ce guide est en cours d'écriture, parution prévue en fin d'année 2007.
  • La version 3 du guide UTE C 90-483 : Câblage résidentiel des réseaux de communication parue en avril 2007. Le Grade 3 présente deux nouveautés :
    • Des applications multiples simultanées sur un même câble ;
    • L'émergence d'une percée technologique, le Grade 3S.

Le Grade 3 est un système structuré en étoile constitué de câbles écrantés à paires torsadées écrantées. Chaque socle de prise de communication est raccordé à au moins un câble écranté à 4 paires écrantées avec des connecteurs associés. Le Grade 3 permet de réaliser des canaux jusqu'à 50 m pour des applications pouvant atteindre 862 MHz.

Le grade 3 est qualifié jusqu'à 1 GigaHertz de bande passante. (Les applications Ethernet 10 Gigabits/s ne nécessitent que 500 MHz de bande passante!). Le Grade 3 étant conçu pour la bande VHF/UHF, le câblage coaxial reste nécessaire pour la transmission de la bande BIS de 950 MHz à 2150 MHz. Toutefois, lorsque des exigences complémentaires décrites au chapitre 6.3 sont remplies, le Grade 3 permet la transmission des signaux de la bande BIS sur paires torsadées, sur un lien de 40 m de long. maximum. On l'appelle alors GRADE 3S.

Ce guide constitue une brèche technologique importante réalisée par la filière française. le CENELEC a donc décidé d propsoer ce guide comme modèle d'une future norme européenne.

  • Le guide UTE « C 16-900 » : Etat des installations de communication en milieu résidentiel (contrôle). Ce guide est en cours d'écriture, sa parution est prévue en fin d'année 2007. Ce guide est destiné à donner des règles communes de vérification ou de contôle des installations. Ceci permet de donner au maître d'oeuvre, au client et aux différents intervenants des règles communes pour juger de la qualité et de la conformité des réseaux. Une concurrence saine peut ainsi naître. Les ticheurs ne diront pas merci à ce guide !

4. La loi change : trois points importants de l'actualité réglementaire

Décret n° 2006-1278 du 18 octobre 2006 relatif à la compatibilité électromagnétique des équipements électriques et électroniques. Il est applicable à toutes les installations électriques et de communication mises en service à partir du 20 juillet 2007.

« Art. 1er. - Au sens du présent décret, on entend par :

  • 1. Equipement : un appareil ou une installation fixe quelconque.
  • 2. Appareils : tout dispositif fini ou toute combinaison de tels dispositifs mis dans le commerce en tant qu'unité fonctionnelle indépendante, destiné à l'utilisateur final et susceptible de produire des perturbations électromagnétiques ou dont le fonctionnement peut être affecté par de telles perturbations.

Sont réputés être des appareils :

  • les composants ou sous-ensembles destinés à être incorporés dans un appareil par l'utilisateur final et qui sont susceptibles de provoquer des perturbations électromagnétiques ou dont le fonctionnement risque d'être affecté par ces perturbations ;
  • les installations mobiles qui sont des combinaisons d'appareils, et le cas échéant d'autres dispositifs, prévues pour être déplacées et pour fonctionner dans des lieux différents.
  • Installation fixe : une combinaison particulière de plusieurs types d'appareils, et le cas échéant d'autres dispositifs, assemblés, installés et prévus pour être utilisés de façon permanente à un endroit déterminé.

Les réseaux sont considérés comme des installations fixes. »

VERBATIM!

« Sont responsables de l'établissement de la conformité d'une installation fixe aux exigences du présent décret :

  • la personne qui a réalisé l'installation, pendant la période de garantie légale ;
  • le propriétaire de l'installation ou, dans le cas d'une activité professionnelle, son exploitant ou, le cas échéant, l'opérateur de maintenance avec lequel le propriétaire ou l'exploitant a contracté.

Art. 3.

  • 1. Les équipements doivent être conçus et fabriqués de façon à garantir :
    • que les perturbations électromagnétiques qu'ils produisent ne dépassent pas un niveau tel qu'elles empêchent les autres équipements électriques et électroniques, y compris ceux qui ne relèvent pas du présent décret, d'assurer correctement les fonctions pour lesquelles ils sont prévus ;
      • qu'ils possèdent une immunité suffisante, compte tenu de l'utilisation pour laquelle ils sont prévus.
  • 2. Les installations fixes doivent en outre être montées de façon à satisfaire aux exigences en matière de protection figurant au 1.
  • Une documentation technique décrivant les pratiques d'ingénierie mises en œuvre pour le montage est tenue à la disposition des services de contrôle aussi longtemps que l'installation reste en service. »
  • Disparition de la prise PTT, dite prise en T - Généralisation de la prise « RJ45 » Extrait de l'interprétation donnée par la Commission 15 de l'UTE, rendue le 27 juin 2007 : « Les prises en «T» ne seront plus autorisées à partir du 1er janvier 2008. En conséquence, tous les socles de prise de communication seront de type RJ45 pour les ouvrages faisant l'objet d'un dépôt de permis de construire ou à défaut d'une déclaration préalable de construction ou à défaut d'une signature du marché ou encore à défaut d'un accusé de réception de commande postérieur(e) à cette date. »
  • Création de l'association Q2C : Association pour la Qualité du service et la Conformité des réseaux de Communication électronique.

Parmi les objectifs de cette association, les principaux sont :

  • Définir et faire évoluer la méthodologie de contrôle des réseaux de communications électroniques et l'attestation de conformité correspondante ;
  • Établir les conditions d'agrément des organismes de contrôle souhaitant délivrer des attestations de conformité selon la méthodologie Q2C et ses documents associés.

Plusieurs collèges la constituent :

  • Opérateurs,
  • Bureaux de contrôle,
  • Installateurs,
  • Fabricants.

Cette association a donc pour but de « moraliser » un marché aujourd'hui « à l'état sauvage », en établissant des règles de contrôle communes, dans un marché où tout est du domaine volontaire ou contractuel. L'association AVICCA et ses membres sont invités à s'y joindre.

En conclusion, nous constatons que comme pour la filière électrique, la filière communication s'organise, et que la technologie française de ce domaine n'est pas en reste par rapport aux autres pays développés. Le déploiement national du THD doit être promu, à la fois comme un moteur de notre croissance, un générateur d'emplois nationaux, et un outil d'aménagement du territoire.

Votre réaction à : agora.du.thd@avicca.org