Numérique / Territoires

Déploiements FttH au 1er trimestre 2021 : peut-on vraiment se réjouir des chiffres publiés par l'Arcep ? Juin 2021

Les chiffres du FttH en ce début 2021 sont au global quantitativement bons et vont dans le sens des projections de l'observatoire InfraNum/Avicca/Banque des Territoires. Mais leur ventilation entre les zonages privés et le zonage public reste désespérément choquante.

Nous pourrions apprécier ces chiffres sous le seul angle des RIP, en nous félicitant pour cet excellent premier trimestre, où les RIP auront déployé pratiquement le double de prises FttH qu'une année auparavant. Mais c'est oublier que l'Avicca représente toutes les collectivités, y compris celles que l'État et le régulateur ont réservé au bénéfice des seuls opérateurs privés, sous couvert de pseudo « engagements » qui se révèlent, trimestre après trimestre, aussi inefficaces et non contraignants que les « intentions d'investissement » de 2011... Au rythme actuel, il faudra encore 2 ans au minimum pour desservir l'intégralité des locaux de la ZTD et de la zone AMII.

Mais la non-atteinte répétée des déclarations successives d'objectifs de déploiements en zone d'initiative privée depuis plus de 10 ans n'est pas le véritable sujet d'exaspération de l'Avicca et de ses membres. En septembre dernier, devant le massacre en règle des réseaux FttH déployés du fait des choix opérés pour la mise en œuvre du mode STOC, l'Avicca avait proposé de prioriser le qualitatif et le démarrage des travaux dans toutes les communes. La culture du chiffre consolidé au niveau national montre en effet depuis plusieurs années ses limites. Les contrats STOC v2 (lorsqu’ils existent) n'ont pour le moment rien changé, les remontées de terrain attestent toutes que les dégradations continuent au même rythme. Nous étions prêts à accepter moins de quantité pour plus de qualité, force est de constater qu'à date nous n'avons ni l'un, ni l'autre.

L'Avicca soutient donc à 100% les positions récemment exprimées par l'État et l'Arcep, et les invite à s'entendre rapidement pour sanctionner la non-complétude des déploiements et/ou la non-qualité des raccordements.

 

Cédric O, Secrétaire d'État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques : " Je lis parfois dans certaines interviews que « c’est inévitable quand on déploie aussi vite », mais personne n’oblige à déployer aussi vite ! Les opérateurs ont pris des engagements, des contrats ont été signés et ils doivent être respectés dans la qualité. Cela doit être indépassable. Nous menons des travaux avec Laure de La Raudière et Patrick Chaize et, si les chiffres ne s’améliorent pas, je pense qu’il faudra tout mettre sur la table, car la situation actuelle est inacceptable. Je ne vais pas me « suicider » sur l’autel de la concurrence, (...) il est indispensable que la qualité des raccordements s’améliore. "

Laure de La Raudière, Présidente de l’Arcep : " En premier lieu, je voudrais dire que 2021 doit être l’année de la qualité de service et pas seulement du déploiement. (...) Il est difficilement compréhensible, alors que les feuilles de route entre les différents opérateurs ont été arrêtées en mars 2020 que, encore aujourd’hui, certains opérateurs ne les aient pas signées. Cela veut dire que l’enjeu de qualité de service n’est pas prioritaire pour les opérateurs (...) ".