Chiffres Arcep au T4 2019 : le record de 2019 ne doit pas faire oublier les objectifs 2020 et 2022 Mars 2020

L'Avicca ne peut que se féliciter du chiffre record des déploiements FttH en 2019 (+ 35%), et plus encore de la progression des abonnements à cette nouvelle technologie (+ 47%). Par effet de vases communiquants, le DSL et le câble se vident l'un et l'autre de manière accélérée (- 9%). Si le rythme se maintient, on peut raisonnablement estimer que c'est en 2023 que le nombre d'abonnements au FttH supplantera celui des réseaux cuivre. 2023 étant également l'année où démarrera l'extinction du réseau cuivre d'Orange, comme quoi le timing de l'opérateur historique semble être le bon.

Mais comme toujours, ces chiffres aussi impressionnants soient-ils ne doivent pas faire oublier qu'en 2010 et 2011, les opérateurs privés s'étaient engagés sur une couverture complète de la zone AMII à fin 2020. Et s'ils ont eu deux années supplémentaires offertes par l'Etat en contrepartie des engagements L33-13, ces derniers ne peuvent oublier qu'une première échéance est dûe en cette fin d'année 2020 et que celle-ci ne semble pas pouvoir être atteinte. Comme le souligne une énième fois l'Arcep : seuls 67 % des locaux qu'Orange s’est engagé à rendre raccordables (63 % pour SFR) le sont fin 2019. De plus, il convient de ne pas oublier que ces taux de couverture restent optimistes car basés sur des référentiels de locaux dépassés. L'année 2020 ne devra donc pas être au même niveau que 2019. Elle devra être beaucoup plus productive pour tenir les engagements !

Reste que cette question des référentiels de calcul des taux de raccordables au FttH, posée de manière exhaustive par l'Avicca en décembre dernier (https://www.avicca.org/actualite/statistiques-des-deploiements-ftth-en-attendant-godel), sera de plus en plus problématique au fil de cette année 2020. L'Avicca regrette de ne pas disposer comme espéré d'un référentiel plus proche de la réalité, comme le fichier IPE par exemple. En attendant Gödel (cf. lien ci-dessus), l'Avicca établira ses statistiques de complétude sur ses propres bases de locaux INSEE. Cela a pour conséquence de revoir à la baisse les niveaux de complétude. Afin de ne pas avoir d'évolutions négatives, le comparatif se fera sur les mêmes bases tant pour le T3 que pour le T4, d'où des chiffres de complétude revus à la baisse par rapport à la publication de décembre dernier.

Autre regret, celui de ne toujours pas pouvoir suivre la complétude des ZAPM en fonction de leurs dates d'ouverture. Toutefois, le site cartefibre de l'Arcep reste une source particulièrement riche d'enseignements. Bien qu'étant indiquée être en version béta, la fonctionnalité "Vue prévisionnelle des déploiements fibre" de ce site semble bien conforme aux prévisions des RIP. A suivre donc.

Complétude de la zone très dense : une légère reprise après un été en stand-by

Le chemin vers la lente complétude de la ZTD se poursuit, avec d'une part Toulon et Rosny-sous-Bois qui franchissent enfin les 50% de couverture, et d'autre part Bordeaux, Meylan, Joinville-le-Pont, Longjumeau et Seyssinet-Pariset qui rejoignent le haut du classement des communes de la ZTD raccordables à plus de 95%. Cela étant, l'Avicca et ses adhérents concernés s'inquiètent de la persistance du refus des opérateurs privés de raccorder certaines habitations. Aussi, l'Avicca soutient tout particulièrement la démarche du régulateur de modifier la réglementation de cette zone dans le cadre du nouveau cycle de régulation. 

Autre enseignement de ces statistiques sur lequel nous revenons régulièrement : les bases de comparaison ne sont toujours pas satisfaisantes. Un exemple emblématique pour le souligner, Paris : il y a un an, 101% des logements et locaux professionnels de la capitale étaient raccordables au FttH. Mais depuis cette date, près de 50 000 nouveaux locaux ont encore été rendus raccordables... Preuve qu'il est impossible pour les collectivités de s'appuyer sur les données disponibles pour évaluer correctement l'avancée de la couverture FttH de leurs habitants, entreprises et administrations !

Zone AMII : il convient de s'attendre à une "expérience utilisateur" très en décalage avec les annonces officielles pour la fin d'année

Les déploiements FttH ont été réellement massifs en zone AMII au quatrième trimestre 2019. Ils restent cependant toujours à date insuffisants pour tenir les objectifs 2020, sauf à utiliser des référentiels obsolètes, ce qui serait inconcevable. Et pourtant, ce sont bien ces bases qui sont utilisées localement par les opérateurs privés dans leurs relations avec les élus locaux. Certains adhérents nous ont même remonté des tableaux de suivi qui ignoraient délibérément les locaux professionnels. Néanmoins, l'Avicca reste confiante dans la volonté du régulateur de ne pas se laisser emmener dans des interprétations statistiques en décalage avec la réalité. L'Arcep rappelle régulièrement qu'elle est "en charge du contrôle du respect des engagements d’Orange et de SFR", et son actuel président, Sébastien Soriano, exprime tout aussi régulièrement devant les parlementaires et les élus locaux sa volonté de faire respecter ces engagements L33-13. L'Avicca lui en est gré.

Ces déploiements massifs dont il faut se féliciter peuvent néanmoins avoir un contre-effet : même si les objectifs nationaux seront peut-être manqués de peu, localement, 1/3 des communes de la zone AMII n'ont aucune prise raccordable, et 12% seulement des communes ont une couverture à peu près complète fin 2019. Comment les maires des communes qui n'auront que peu voire pas de couverture à la fin de l'année 2020 pourront-ils expliquer la situation à leurs administrés qui auront entendu des messages nationaux proches d'un satisfecit ? Comment les maires à qui les opérateurs privés et l'Etat avaient promis en 2011 une fin des déploiements avant 2020 recevront-ils des annonces disant qu'il leur faudra attendre beaucoup plus longtemps ? Rappellons que 96 communes devaient être raccordables à 100% à fin 2019, seules 12 le sont, dont une grâce à un RIP et non pas du fait de l'opérateur qui avait été désigné... Et il reste encore 10 communes qui devaient être terminées en 2015 et qui ne le sont toujours pas à fin 2019, dont le Havre, raccordable à 79%...

La zone AMII n'a pas fini de faire parler d'elle...

Corrections sur le nombre de communes confiées aux opérateurs privés postérieurement à l'AMII de 2011

Suite à un double compte de certaines communes, l'Avicca avait surévalué le nombre de communes de la zone RIP confiées aux opérateurs privés en 2019. Un nettoyage de notre base a été opéré, mais le chiffre de 2222 communes doit néanmoins encore être pris avec des pincettes. Nous nous excusons d'avoir présenté des informations erronnées.

La recherche d'une solution pratique pour intégrer les communes de La Réunion sans fausser la réalité des déploiements semble s'éloigner. Rappellons en effet que nous étions jusqu'à présent confrontés à des déploiements en doublon sur de nombreux locaux, qui pouvaient ainsi faire apparaître des communes comme intégralement fibrées alors que c'était loin d'être le cas. Avec l'apparition des premiers locaux raccordés par trois opérateurs simultanément, les choses ne vont pas s'arranger. Si ce "triplonnement" de la desserte FttH peut légitimement apparaître comme du gaspillage de temps, d'argent et d'énergie alors même que de nombreux locaux de ces communes réunionnaises restent désespérement non fibrés, nous avons au moins une consolation : bien qu'aucune de ces communes ne fasse partie de la ZTD, la concurrence par les infrastructures existe en un point du territoire français, celui de La Réunion !

Pour le reste, les chiffres restent hélas cohérents d'un trimestre à l'autre, puisqu'on ne note aucun décollage des déploiements sur ces communes, malgré les promesses faites par les opérateurs et le Gouvernement. Notons aussi que ces statistiques permettent de contrôler l'effectivité du respect des premiers jalons des déploiements AMEL, comme martelé par l'Etat depuis 2018. Aussi, l'Avicca s'étonne que le régulateur ne rappelle pas cet objectif de contrôle du respect des engagements AMEL L33-13 tant dans son communiqué de presse qu'au travers de son observatoire des marchés des communications électroniques. L'Avicca attend désormais que le Gouvernement s'exprime clairement s'agissant du respect de cette promesse essentielle qui l'a conduit (entre autres) à fermer le guichet France THD fin 2017.

Achèvement des déploiements en zone RIP : et de 3 !

Après le Val-de-Marne et l'Oise, c'est au tour de la Loire d'annoncer la fin des déploiements de sa zone RIP (lien vers le communiqué de presse du SIEL). Dans ces trois départements pourtant, les opérateurs privés sont eux loins d'avoir terminé leurs propres déploiements : la zone AMII du Val-de-Marne est ainsi raccordable à 71%, celle de l'Oise à 56% et celle de la Loire à 59%...

Le nombre de mises en chantier de nouvelles communes n'a quant à lui jamais été aussi élevé : +1242, soit 20% de hausse en un trimestre seulement ! Un petit bémol toutefois, cette hausse se fait au détriment d'un rythme de complétude qui certes augmente en valeur absolue, mais décroche pour la première fois en valeur relative. Autre bémol, plus habituel, la poursuite du décrochage entre la mutualisation en zone d'initiative publique comparativement à celle en zone d'initiative privée. Rien de nouveau certes, mais l'Avicca attend du régulateur que ce décalage n'ait aucun impact dans les choix et temporalités de l'extinction du cuivre le moment venu. Il n'en reste pas moins qu'en doublant le rythme de production de prises FttH au T4 2019 par rapport au T4 2018, les RIP réalisent ici un exploit inégalé et concluent un millésime 2019 exceptionnel.

Autre motif de satisfaction, la progression des déploiements de l'ensemble des opérateurs d'infrastructures. Ainsi, si Axione reste une fois de plus sur le haut du podium (et de surcroît parvient à augmenter une nouvelle fois son rythme de déploiement par rapport aux trimestres précédents), l'opérateur d'infrastructures est désormais talonné par SFR collectivités, Orange, Covage et Altitude Infrastructures. L'Avicca félicite l'ensemble des acteurs pour cette prouesse, avec une mention spéciale à SFR collectivités qui fait plus que doubler son rythme de production de prises par rapport au T3 2019 . En espérant toutefois que cette brutale accélération ne se fasse pas au détriment de la qualité des réseaux déployés...